"I never wanted to be your mother. " (spoilers)

Wow. Quelle déception.
Le film n'est pas mauvais à proprement parler. Au contraire, la première demi-heure est bourrée de promesses, entre une ambiance malsaine et sinistre au possible, une Toni Collette qui excelle dans le rôle de la mère torturée dans un climat de surnaturel (comme dans Sixième sens), et un casting discret mais efficace en guise de famille lambda, mais pas trop quand même.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en lançant Hérédité. Néanmoins, j'espérais assister à un point de vue original et novateur sur, qui sait, un secret de famille lié à la génétique, quelque chose de bien crade (le genre de trucs qu'on aurait pu trouver dans la cave de la baraque d'American Horror Story Murder house, si vous voyez ce que je veux dire). La tension impliquant le décès de la matriarche, les problèmes de communication évidents entre la mère et les enfants, tout semblait lancer un scénario soigné aux petits oignons, préparant le terrain pour les horreurs à suivre. La mort de la gamine achevait de me convaincre que je regardais un long-métrage pour le coup vraiment sympa, et avec des burnes comme il fallait, tant la violence de la scène, la réaction de son frère meurtrier sans le vouloir et les images post-mortem n'épargnent en rien le spectateur, témoin impuissant de la souffrance d'une famille persécutée par le destin. Malheureusement, très vite, le film part en couilles et s'égare.


Non, on n'avait pas besoin des références grosses comme le nez au milieu de la figure, pendant les cours du fils (le destin tragique, l'incapacité des personnages des pièces antiques de réagir quant à leur avenir, parallèle évident à celui de la famille Graham, la Grande Dépression, la crise, comme celle qui amorce leur chute, etc.). Franchement, pas besoin. On n'avait pas non plus besoin de cette figure vue, vue, et archi-revue de la mère hystérique (j'suis loin d'être féministe, mais pour une fois ça pourrait pas être le père qui pète un gros câble en étant persuadé que quelque chose ne va pas, dans cette baraque ?). Tant d'actrices m'ont fait penser à Toni Collette, face à ce personnage pas vraiment de composition. On n'avait pas besoin des éléments surnaturels introduits plus que grossièrement (et je commence sincèrement à en avoir plein-le-cul des séances de spiritisme filmées par le cinéma moderne avec ses gros sabots aussi raffinés qu'un éléphant en rut).
À force de surenchère (et malgré quelques scènes osées et plutôt très intéressantes), on finit par en lever les yeux au ciel. L'appréhension fait place au ridicule, et on en vient presque à souhaiter la mort de tout le monde, histoire d'abréger le massacre. La vengeance d'une fillette fantôme visiblement dotée d'un problème conséquent de son vivant et dont la fin fut précipitée et particulièrement atroce aurait été fantastique à exploiter. De même que les réminiscences d'une mère qui, en rêve, s'avoue à elle-même que jamais elle n'aurait dû être mère, n'en ayant pas ressenti le besoin, et ayant tout fait pour perdre son premier enfant d'une fausse couche. Ces thèmes, encore sacrément tabous aux États-Unis, auraient permis avec audace de donner un coup de neuf au genre usé, usé, et plus qu'usé par des silhouettes fantomatiques à poil ou en train de sourire d'un air chelou, avec les vieux, les invocations débiles, et tout le toutim. Parce que si vous n'avez pas ressenti le besoin intense de ricaner pour les scènes de fin, franchement, respect. Faudra m'expliquer l'astuce.


Y'avait pas besoin de ça, les gars. Le jour où vous comprendrez de nouveau (comme ce fut le cas à une époque qui me semble si lointaine…) que l'atmosphère et l'étrange suffisent à mettre le public en tension plutôt que les conneries à la Insidious et autre bouses, alors on pourra peut-être reparler de ce qu'est vraiment le cinéma d'horreur.
Peut-être.

Seren_Jager

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