On avait bien compris, dès ses premiers films, que Ben Wheatley était un drôle d'oiseau, à l'instar de son compatriote Peter Greenaway. Son adaptation d'un roman culte de Ballard pouvait donner le meilleur comme le pire, eu égard à son tempérament peu conformiste. Disons que High-Rise se situe entre les deux, avec une vision rétrofuturiste plutôt séduisante, dans un style décadent très marqué, mais qui a tendance à partir en vrille à partir du milieu du film, avec de purs moments de délire parfois gratuits car conçus uniquement pour provoquer ou montrer son statut d'auteur à part entière. Cette tour infernale, avec lutte des classes intégrée, est d'une lecture limpide, sur un plan intellectuel, mais Wheatley semble s'en désintéresser peu à peu, privilégiant l'image, surtout si elle est incongrue, au discours. Il y a de bons moments malgré tout, grâce à l'excellence de l'interprétation (Tom Hiddleston, Jeremy Irons, Sienna Miller, Luke Evans) et à la partition musicale (la "cover" d'un titre d'Abba par Portishead est bluffante). Entre visions fulgurantes et excès de situations extrêmes, Ben Wheatley conforte sa position d'alien du cinéma. Ce qui est sans doute le but recherché.

Cinephile-doux
5
Écrit par

Créée

le 10 déc. 2016

Critique lue 188 fois

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 188 fois

D'autres avis sur High-Rise

High-Rise
Morrinson
4

The harder they fall

Ben Wheatley. On commence à le connaître, le lascar. Un expert dans l'art de la provocation à des niveaux divers, thématique, esthétique, horrifique. Pour donner quelques éléments de contexte afin de...

le 31 mars 2016

46 j'aime

20

High-Rise
Vincent-Ruozzi
7

Snowpiercer prend de la hauteur

Adapté du roman éponyme de l'écrivain britannique J. G. Ballard sorti dans les années 70, High Rise est une histoire qui a tout pour plaire aujourd'hui. Sorte de dystopie en huis-clos, les...

le 3 mars 2016

45 j'aime

High-Rise
Velvetman
4

Révolution sous Xanax

Les œuvres de J.G. Ballard sont toujours fascinantes à transposer au cinéma, surtout lorsqu’elles sont remises entre de bonnes mains. Et quand la satire sociale de l’écrivain « I.G.H » se voit...

le 4 août 2016

40 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13