Brillant, le film dresse de très beaux portraits et nous réserve bien des surprises !

Au fin fond de la Macédoine, dans une région reculée et inhospitalière, où il n’y a ni électricité et encore moins l’eau courante, vit une irréductible apicultrice. Hatidze et sa mère Nazife sont les dernières âmes vivantes à des km à la ronde. Hatidze fait partie des derniers apiculteurs traditionnels à évoluer dans les montagnes désertiques de Macédoine. Sans la moindre protection, elle recueille le miel tout en prenant soin de toujours y prélever que ce dont elle a besoin, et ce, afin de toujours en laisser la moitié aux abeilles. Un milieu hostile & rude, où il ne fait pas bon d’être une femme seule. Et pourtant, Hatidze est incroyablement forte, c’est une battante, qui a ses convictions et qui ne se laisse pas abattre face à la rudesse de la nature.


Tamara Kotevska & Ljubomir Stefanov ne s’attendaient pas à ce que leur documentaire change de trajectoire en cours de route. Durant le tournage (qui totalisera 400 heures de rushes sur 3 ans de tournage !), focalisé sur Hatidze et sa mère, quelle ne fut pas leur surprise que de voir débarquer un beau matin, d’étranges voisins (c’est à partir de là que le film prend une toute autre dimension). Une famille turque qui va se révéler cupide, s’installe bruyamment, au point de rompre la quiétude à laquelle étaient habituées les deux femmes. Dorénavant, la petite famille va elle aussi se lancer dans la production de miel, au risque de fragiliser dangereusement l’écosystème que s’évertue à maintenir Hatidze. S’ensuivra d’étonnants échanges entre la famille et Hatidze, s’échangeant des conseils, s’entraidant, avant de virer à la désillusion totale.


Les réalisateurs dressent un magnifique portrait de cette apicultrice pas comme les autres. Une femme fascinante, à la peau tannée et qui à 56ans, continue vaillamment de s’occuper de sa mère (85ans), aveugle & invalide. Les échanges entre les deux femmes sont bluffants, comme si la caméra n’existait jamais à leurs yeux, elles échangent comme si de rien n’était, c’est à la fois troublant et touchant.


Nommé à l’Oscar du meilleur documentaire & récompensé au festival de Sundance, Honeyland (2020) ne vous laissera pas indifférent et dresse le portrait d’une femme qui impose le respect et lève le voile sur les ravages du capitalisme (par le biais d’un long travail d’observation, nous permettant de mieux prendre en compte les changements qui s’opèrent et les dégâts qui en découlent).


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RENGER
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le 18 sept. 2020

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