Ces derniers temps le western se revisite, alliant la férocité d’un western plein d’actions et de pastiches incarné par Tarantino, ou se parant de la vision plus sage et philosophique de la contemplation de l’homme et de la nature sous la houlette de Tommy Lee Jones ; Hostiles penchant plus de ce côté là.
Ainsi on assiste à la rédemption d’un homme de guerre, choisissant sciemment son camp, qui se voit confier un convoi pacifique avec son meilleur ennemi. La route ne fera alors qu’exacerber la violence de l’Homme, où le chacun pour soit réside bien au-delà de chaque clan. Christian Bale, qui aime se la raconter en incarnant ses personnages avec un peu trop de profondeur (avec sa mâchoire serrée et son regard de dur il ne transmet plus beaucoup d’émotions), incarne alors une Amérique revendicatrice d’expropriation, le bras armé de l’Amérique, qui oublie jusqu’à sa propre condition, son statut d’Homme.
Le film est plaisant, surtout parce qu’on y voit un réalisateur fan du genre mais qui prend son temps pour raconter son histoire. La scène d’introduction pourrait laisser présager le choix du point de vue alors que le manichéisme reste loin du film, pour montrer les douleurs de chacun dans une bataille vaine.
Mais il s’installe dans une lenteur convenue, avec un chemin déjà vu, ce qui lui confère une aura particulière mais plombe aussi son rythme. A la différence des films de Tommy Lee Jones, qui lui assume pleinement d’inscrire ses films dans la contemplation de l’âme humaine, Hostiles se perd en discours redondants et se voit expédier les scènes d’action sans plus de profondeur.
La veuve éplorée, tout comme les indiens, ne servent que de prétexte pour anoblir le capitaine ; et si les paysages sont à couper le souffle, les personnages auraient mérité une meilleur caractérisation.
Hostiles a donc su se former dans le moule du western par ses décors, son héros écorché et sa volonté de fustiger la construction de l’Amérique ; mais l’écriture prévisible d’un chemin balisé, le manque de profondeur de certains personnages et l’absence de rythme laissent poindre l’ennui.

LuluCiné
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le 30 avr. 2018

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