Guère épais

Adapté d'un roman de Meg Rosoff, How I live now nous conte l'histoire de Daisy, une jeune américaine en visite chez sa famille en Angleterre. Son séjour idyllique sera interrompu par le début d'une guerre menée par de mystérieux adversaires. Sur le papier, l'histoire était séduisante. Malheureusement, le film déçoit, principalement par un manque de caractérisation.

Manque de caractérisation de l'héroïne, pour commencer. Saoirse Ronan est une actrice plutôt douée, et son interprétation de ce personnage d'écorchée vive est plutôt convaincante. En revanche, on a du mal à se situer par rapport à elle. Au départ, elle nous est présentée comme une jeune fille sauvage et réservée, guidée par des voix dans sa tête. Certaines phrases font même planer l'ombre de l'inceste, lorsqu'elle parle de son père, notamment. Et puis, pouf pouf, magie, soudain la voix disparaît, et Daisy s'ouvre à la vie comme une fleur. On peine à s'attacher vraiment à ce personnage, tour à tour mystérieux, fleur bleu, sauvage, et surtout bien trop mature pour son âge. D'autant qu'elle tombe quand même amoureuse de son cousin... Christine, si tu lis ces lignes, sors de ce corps, engeance du démon.

Manque de caractérisation des événements, aussi. Annoncer la Troisième Guerre Mondiale c'est bien, en parler c'est mieux. Ici, on ne sait pas contre qui on se bat, on ne sait pas comment on se bat, on nous annonce des choses qui sont en contradiction avec ce qui nous a été montré jusqu'alors sans préciser s'il s'agit de propagande du gouvernement ou de réalité... La première partie est plutôt pas mal, dans cette campagne anglaise bucolique bien comme il faut, le turning point du récit est superbe, presque onirique, avec cette pluie de cendres venue de nul part. Et puis on s'embourbe dans ce conflit dont on ne sait rien, alternant des scènes de fuite avec des éclairs soudains de violence d'autant plus déstabilisant qu'ils sont souvent gratuits.

Au final, le scénario oscille entre film d'ado un peu cucul et drame sombre et (parfois) violent. On ne sait pas trop comment se positionner face à ce choix, d'autant que la fin du film est franchement décevante (en gros s'il fallait résumer : ça va mal, ça va mal, maintenant ça va bien, merci). Petite déception, donc, d'autant que le pitch était prometteur.