Du post-apo avec des n'enfants - enfin, des adolescents ? Pourquoi pas. Je me suis cogné récemment "Young Ones", sur ce sujet précisément, alors pourquoi ne pas voir encore ce qu'on peut dire sur le sujet ? Dans l'idée, la notion essentielle est alors, sans doute, la transition, le vieux monde ayant été bien pourri par nos ancêtres, qu'allons-nous donc laisser à la jeune génération qui s'amène et qui - elle - n'a pas spécialement connu l'enchantement des temps d'avant. Ca encore, c'était le propos de "Young Ones" mais finalement, pas du tout celui de "How I Live Now". Ici, on ne voit finalement pas de post-apocalyptique, mais plutôt du "pendant-apocalypse". A l'heure où le film débute, la fin du monde - ou plutôt, de l'Angleterre civilisée - n'est qu'une vague rumeur qui circule et prend forme cohérente durant le film, avec une superbe scène, celle de la pluie de cendres. Outch.

Du coup, le métrage traite plutôt du calvaire - en forme de voyage initiatique - de Daisy, campée par Saoirse Ronan. Une espèce de petite connasse antipathique, dont l'on comprend assez vite qu'elle est en plein dans le conflit adolescent. Son père l'emmerde, le monde l'emmerde et elle emmerde le monde - et elle le fait plutôt bien. La beauté froide de Ronan y joue pas mal. A contrario, la vie paysanne, puisque la p'tite Daisy doit se taper les vacances dans la campagne profonde du fin fond de la bonne vieille Albion, et ses cousins, pas si cools qu'il y paraît - ou pas si simplistes qu'en apparence.

Manque de bol, bim, bombe nucléaire, pluie de cendre, bref, fin du monde. Et adaptation au forceps pour les plus jeunes, premières victimes dans les conflits. En filigrane, on apprend en effet qu'une guerre vient d'être portée sur le sol grand-breton et qu'une armée - qualifiée de terroriste pourtant - campe des positions un peu partout dans la verte lande. Toutefois, Daisy a promis à son n'amoureux qu'elle le rejoindrait, ni une, ni deux, elle fuit le campement plus ou moins sécurisé dans lequel on l'a claquemuré et s'en va vers la maison de campagne où elle a connu mille et une joies.

Ca, c'est pour le pitch, vite fait. En fait, le film est plus ou moins découpé en deux segments d'égale importance. Le premier traite de façon assez frontal le décalage entre ce monde rural et Daisy, convaincue par la ville et ses névroses. De névroses, d'ailleurs, elle en a plein les cartons et débarque dans ce plat pays avec son lot de douleur passée, on le sait, c'est expliqué durant les séquences où on a vaguement l'impression que le type qui en pince pour elle lit dans ses pensées. Ca, c'est la première partie, qui semble vouloir amener une nouvelle quête de soi bien dans les formes, avec le retour à la nature et tout ça, seulement voilà, pluie de cendres, bordel, apocalypse et hop, le second segment change du tout au tout. Assez réaliste dans son approche, Daisy se voit séparé de son amant, enrôlé de force, et envoyée quant à elle dans une sorte de ferme où l'on va lui demander gentiment de faire les patates avec sa petite cousine de 11 ans.

Et pour mon avis, ben je suis partagé. Au-delà de l'idée initiale, j'aime assez le traitement très terre à terre du sujet, sans ambages et sans grand effet à l'écran. Même la séquence de pilonnage au mortiers du village où vit Daisy est extrêmement suggéré. On voit une maison en flammes ! Pas même une petite explosion, bigre ! Et c'est bien, ça, l'économie de moyens. Par contre, ça devient vraiment un défaut quand ça donne l'impression que l'on survole tous les sujets propres aux films post-apo. On a le campement de vils garnements qui font des choses pas cool et l'héroïne qui n'aide en rien les victimes, check, le charnier de gentils, check. Du coup, on voit bien où veut en venir le film (la protagoniste s'exprime même à ce sujet à la fin, des fois qu'on ait raté la dernière séquence où il y a une jolie inversion des rôles) mais bon. On voit aussi que le film se contente presque de cocher les thématiques au fur et à mesure. A côté, "Young Ones" avait de bonnes idées dans la façon dont il dirigeait son récit. Mieux, on pourrait comparer à "The Rover", où le récit est lent, certes, et très contemplatif, mais diablement efficace dans sa façon de camper les personnages et de leur donner une épaisseur et une quête personnelle. Ici, la quête de Daisy a été bien quantifiée par un premier segment (que je n'ai pas trouvé passionnant, personnellement), mais c'est bien la seule. On a même pas l'intensité morbide de "La Route".

Au final, ce n'est pas mauvais du tout, la lumière est très chouette, Saoirse est décidément une actrice à suivre et le récit, un peu bicéphale, se laisse suivre. Seulement, j'ai eu l'impression qu'à côté de certains ténors, c'était un peu... vide. Voire vain. En 2014, on a quand même eu quelques prétendants au titre du "bon film post-apo" qui méritait le coup d'oeil et si "How I Live Now" n'a pas forcément à rougir de la comparaison, on ne peut pas dire que le film peut prétendre aux premières marches du podium non plus. Pas horrible, mais pas forcément terrifiant de bonnassitude.
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le 18 mars 2015

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