Huit et demi par Kroakkroqgar
S’agissant d’une mise en abyme du processus de création d’un film, il est paradoxal pour ‘Otto e mezzo’ de mettre en scène un réalisateur qui renonce à son projet. De ce fait, l’œuvre est extrêmement difficile à cerner. On comprend bien que le réalisateur Federico Fellini se met lui-même en scène, que le film mélange réalité, fantasmes et symboles, mais il en résulte un désordre scénaristique phénoménal. Les dialogues sont denses mais sibyllins, le film aborde des thèmes sans jamais vraiment s’y attarder (la religion, le divorce, l’art) et on peine à comprendre ce qui peut bien guider le réalisateur.
Mais au-delà de son scénario, la réalisation elle-même rend le visionnage difficile. Les séquences se suivent dans un montage peu bavard et les ellipses sont mystérieuses. Le nombre des personnages ne cessent d’augmenter sans qu’on ne parvienne à mettre un nom sur leur visage, tandis que les lieux se multiplient sans indication. Il s’agit peut-être de la volonté de Federico Fellini pour illustrer le chaos agitant l’esprit de son personnage, mais le résultat est vite fatiguant pour le public.
Quelques passages percent toutefois le voile d’obscurité qui couvre l’œuvre, comme le harem fantasmé et malsain que se forme Guido, mais ils sont trop rares pour rattraper le spectateur perdu. On appréciera également quelques passages musicaux, et un casting féminin sympathique (Claudia Cardinale y est hypnotique).
Un obscur désordre.