On m'avait vendu Huit et demi comme étant l'équivalent italien du Mépris, qualitativement parlant. S'il possède des qualités de réalisation indéniables, il reste pourtant plus difficile d'accès.
On suit Guido, un réalisateur italien, magnifiquement interprété par Marcello Mastroianni, qui souffre du syndrome de la page blanche alors qu'il doit terminer son prochain film. Face à une déprime grandissante, il se réfugie dans ses souvenirs et ses fantasmes pour remédier à sa perte d'inspiration.
L'oeuvre retransmet bien l'état de fatigue constant du héros, qui est constamment harcelé par le producteur, le scénariste, les acteurs et ses proches. Les questions fusent dans tous les sens et Guido ne sait plus où donner de la tête. On ressent parfaitement la confusion qui règne dans son esprit.
Cette confusion se retrouve dans les scènes qui se passent dans la tête du réalisateur. Au départ cohérentes et plausibles, elles vont se faire de plus en plus farfelues à mesure que l'histoire avance, le sommet étant atteint avec le fameux harem. Fellini use de beaucoup d'imagination pour ces séquences, avec beaucoup de trouvailles visuelles. Toutefois, l'entrée dans l'imaginaire se fait de manière abrupte, et la sortie l'est tout autant. A chaque début de scène, il nous faut quelques instants pour comprendre où nous sommes et Fellini ne nous prend pas par la main. C'est dommage, parce que cela nuit à la compréhension, bien qu'on s'y fasse vite.
Un cran en dessous du Mépris, Huit et Demi possède néanmoins de nombreuses qualités, il serait bête de passer à côté. Ce premier Fellini était une expérience intéressante.