Après quatre ans, il est temps de clôturer cette saga sur grand écran, du moins on espère même si on est pas à l'abri de spin-off ou autres films du genre. On espère car cette saga n'aura pas été pleinement satisfaisante malgré de belles qualités, notamment sur le premier opus plus intelligent et mature que l'on aura pu le penser. Ensuite le deuxième film ne fut qu'une réitération plus chic mais plus niaise du premier, se répétant sans véritablement se renouveler et qui nous conduisit à la première partie du dernier chapitre, trop bavard mais assez ambitieux sur ses réflexions même si il était cinématographiquement très faible. On arrive ici à la deuxième et dernière partie de ce chapitre final et la saga a fort à faire pour trouver une pertinence et une conclusion qui sera capable de relever la barre mais malheureusement fidèle à elle-même, elle manquera d'éclats.


Le véritable problème ici, plus que le scénario du film, c'est le genre dans lequel évolue cette saga. Les dystopies young adults sont légions ses derniers temps et ne font que répéter ce que des œuvres plus matures et complexes ont déjà faites avant elles. Certains ayant estimés que ses œuvres étaient bien trop intelligentes pour parler à tous et on donc décider dans faire des versions plus grossières et abrutissantes pour plaire aux adolescents, les pousser à s'interroger aux mécaniques d'un fonctionnement de penser et des rouages d'un monde illusoire, voir les réalités de notre monde à travers l'exposition symbolique d'un autre. Même si pousser les autres à s'interroger est louable, le faire en pensant qu'ils sont incapables de se plonger dans une oeuvre trop complexe est condescendant. Et généralement pour attirer ce jeune public, ils tombent dans les facilités comme accorder beaucoup de place à une romance, ici l'enjeu principal étant plus souvent qui va choisir l'héroïne à la fin plutôt que comment elle va parvenir à lutter contre cette dictature. On se retrouve donc souvent avec ce genre là, face à de la guimauve, c'est facile à digéré, très propre et souvent inconsistant.
Hunger Games est donc la parfaite représentation de tout ça, tout est là pour plaire aux jeunes publics que ce soit de l’héroïne forte et badass, la romance faussement profonde ou les réflexions sur la force des images et la manière de diffuser un message qui est très actuel. Sauf qu'ici le film n'a strictement plus rien à dire, tout à été fait et dit, souvent de manière maladroite dans les précédents opus et nous fait nous questionner sérieusement sur l'intérêt d'avoir divisé le dernier chapitre en deux opus. Ici les doutes émotionnelles du personnage, qui avant cela était judicieux traduisant une génération en perdition, tournant un peu en rond, se répètent au point de rendre le personnage antipathique par moments. Plus que jamais elle semble être une jeune fille capricieuse qui veut le beurre et l'argent du beurre sans véritablement devoir prendre une décision majeure. Cela traduit un peu l’inconsistance de cet opus, on parle de révolte mais a aucun moment le personnage ne fait autre chose que ce a quoi elle a été programmée à faire, cela aurait pu être un propos intéressant si ça n'avait pas semblé être un erreur de traitement de la part du film. De plus tout ce qui touche à l'aspect propagande qui avait fait le réussite thématique de la saga n'est ici réduit qu'a son strict minimum et devient assez insignifiant tout comme le triangle amoureux qui se répète mais arrive ici à éviter la niaiserie pour faire preuve d'une appréciable maturité. Car malgré tout il y a un fatalisme assez admirable dans ce film, une noirceur plus accentué qui permet d'avoir une conclusion douce amère assez habile malgré tout même si elle tire en longueurs. Majoritairement on reste dans la redite par rapport à la partie 1 mais le dernier acte permet de partir sur de "nouvelles réflexions" même si c'est du déjà-vu et que c'est exploité avec énormément de lourdeurs. La subtilité n'a jamais été le fort de la saga mais ici tout est trop appuyé, souligné pour bien faire comprendre où l'on se dirige accentuant le côté prévisible pour finalement nous faire dire "tout ça pour ça". Trois livres, quatre films et tout cet encre versé pour si peu au final.
Le casting sauve les meubles malgré tout. Jennifer Lawrence est toujours aussi juste et impliquée dans son rôle même si son interprétation n'a pas vraiment évolué tandis que Josh Hutcherson et Liam Hemsworth gagne vraiment en épaisseur dans cet opus. Les autres acteurs sont tous très bons, surtout que le casting est toujours aussi prestigieux mais ils sont moins exploités que par le passé même si on retiendra la très bonne prestation de Donald Sutherland, plus ironique que jamais et celle du regretté Philip Seymour Hoffman, d'une subtilité absolue et d'une justesse infinie, il prouve une dernière fois le grand acteur qu'il était et il manquera assurément au cinéma.
Pour ce qui est de la réalisation on reste dans ce que l'on nous as habitué avec les deux derniers films. C'est techniquement très propre, les effets spéciaux sont plutôt réussis, la photographie est très jolie et le score de James Newton Howard est encore une fois prodigieux. Malheureusement comme pour les autres le montage est assez mou, l'ensemble manque de rythme et on reste face à un film trop bavard et qui ne dispose pas d'assez de montée d'adrénaline. En ça la mise en scène de Francis Lawrence est encore une fois très peu cinématographique, c'est souvent plat mais elle a au moins le mérite d'être maîtrisée et de proposer un rendu lisible avec quelques beaux décors. La seule scène d'action sera assez générique et pas vraiment exaltante mais elle disposera d'une très bonne exposition, l'attente et la montée en tension avant celle-ci est plutôt bien gérée renvoyant même au Aliens de James Cameron. Une belle réussite de mise en scène mais dommage que ce soit la seule.


En conclusion The Hunger Games : Mockingjay - Part 2 n'est pas une réussite. Souffrant du découpage en deux parties, il ne parvient pas à réparer les erreurs de son aîné malgré une noirceur mieux utilisé et une niaiserie aux abonnés absents. Toujours aussi bavard et cinématographiquement faible, on est face à une oeuvre grossière, manquant d'intelligence et cédant trop souvent à la facilité et la lourdeur. Après tout n'est pas à jeter, les intentions premières de cette saga sont louables, le casting est excellent, l'ensemble reste globalement maîtrisé et on à le droit à un rendu très propre et carré. Mais tout ça manque terriblement d'imagination et expose des choses que l'on a déjà vu ou que l'on peut trouver ailleurs en beaucoup mieux, plus complexes, subtils et intelligents. C'est donc une saga sans incidence, tout y est insignifiant et n'est globalement là que pour divertir plus que faire réfléchir et c'est relativement dommage. Ce dernier film étant à l'image de la saga, à savoir pas terrible.

Frédéric_Perrinot
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le 23 nov. 2015

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