---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au huitième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Beauty_of_the_Beast/1620017#page-1/
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --


Finalement je crois que ma chronologie n'est pas très sérieuse. Il semblerait fortement que le film de ce soir soit sorti un peu avant celui d'hier. Ce n'est pas grave pourrait-on penser, mais au final plus j'y pense, et plus je me dis que cela a faussé mon avis sur le film, me laissant injustement sur ma faim, avec l'impression d'avoir déjà tout vu... Alors que non ! Que l'on parle de l'art de la référence, dont Joe Dante est le maître (cf. La chronique de Karim Debbache excessivement et beaucoup trop bien, que j'ai regardé 20 fois et qui va très certainement me servir de béquille tout au long de cette critique, malgré le fait qu'il ne parle pas expressément de *Hurlements*. Je vais refermer cette parenthèse déjà beaucoup trop longue, mais on y reviendra), le coté un peu bof mais quand même mieux que dans les années 30 des scènes de transformations, ou de la gestion scénaristique de l'impact qu'aurait la présence d'une meute d'homme loup à nos coté, tout cela à effectivement déjà été traité dans mon mois-loup-garou, mais n'avait en fait pas été traité à l'époque du film. Bref, je vais essayer d'être le plus juste possible, malgré le fait que j'ai clamé « bof » tout au long du film, tout en poussant de gros soupirs, et que ce n'est qu'à la fin, en comparant les dates, que je me suis rendu compte qu'en fait non, *Hurlements* est un film parfaitement honorable, et ce sont les autres films de 1981 qui ont fait de la redite, ou approfondi certains sujets que le film de Dante soulevait en exclusivité. 
Suite à cette grosse introduction, on peut entrer dans le vif du sujet. Nous plongeant directement dans une ambiance malsaine assez réussie, le film nous présente une présentatrice TV un peu cruche mais très courageuse, qui accepte de jouer le jeu d'un présumé-psychopathe pour aider la police à l'attraper. Forcément ça tourne mal, et donc son médecin l'envoi à la campagne pour s'aérer les esprits. Il est assez naturel de se dire « Hein ?! » face à ce retournement brutal de scénario et d'ambiance. On passe à des plans lumineux, et des jeunes femmes en jupe-short jouant au tennis en riant tandis que leurs hommes si viriles partent à la chasse au loup. Et c'est là que Joe Dante est très fort. Parce qu'au lieu de se reposer sur les acquis d'un début in medias res, et de maintenir simplement un climat malaisant, il s'amuse au contraire à jongler de ce climat horrifique à des images puant le cliché de la famille américaine moyenne, passant ses RTT dans sa maison de campagne, dans une situation de sexisme banal. Et l'effet me rappelle un peu ce qu'utilisait Herzog dans sa version de Dracula, en mettant en opposition des plans de crypte glauque avec des images de bébé chats jouant près de pots de fleurs : on ne se sent alors plus en sécurité dans ce qui nous parait pourtant familier et inoffensif. L'effet ici n'est pourtant pas tant utilisé pour incrémenter l'aspect horrifique du film, comme tentait de le faire Herzog, mais plutôt pour faire atteindre au spectateur le degré de paranoïa (légitime au passage) dans lequel est plongé le personnage féminin. Légitime je dis, car cet aspect vacances à la campagne n'est en fait qu'une façade, et la notion de familiarité d'autant plus, puisque c'est la personne en qui elle a le plus confiance, son mari, qui va s'avérer être dangereux. Comme dans tous les films de loup-garou depuis le début du mois aurais-je pu penser, mais il y a la quelque chose de plus fourbe, qui vient au lieu de souligner le tragique d'une histoire d'amour, plutôt augmenter la notion d'épidémie avec laquelle tente de jouer le film. Karim Debbache donc, que je citais dans une parenthèse préalable, disait dans sa formidable vidéo sur Gremlins que les références qu'a tendance à faire, parfois à l'excès, notre réalisateur du jour, sont en fait bien plus profonde que ce qu'elles semblent être en façade, et qu'elle lui servent souvent à mettre en parallèle la vie des personnages de son film avec ceux du film cité. Il se trouve que parmi les milles références, celles au Merry Melodies mettant en scène le grand méchant loup, celle aux illustrations de Gustave Doré des nombreux contes sur la questions, etc, il y en a une flagrante au Loup-Garou de Universal Monsters. Et qu'au delà d'une réelle déclaration d'amour aux films de monstres de la belle époque et à Bela Lugosi notre maître à tous, il y a un réel enjeux réflexif derrière cette citation. Car là ou le film de 41 n'était au final qu'une bête (mais très réussie) histoire d'amour, avec des questionnements sur la santé mentale des personnages, le film de Joe Dante prend le même thème (le loup-garou) et en aborde des thématiques radicalement différentes : que ce soit les histoires d'amour ou les questions d'équilibre psychique, ce sont des questions qui n'intéressent pas Joe Dante -puisqu'elles ont déjà été traité par l'un de ses nombreux maîtres à penser, et qu'il évacue somme toute assez rapidement, et malgré le fait que le médecin en fasse une montagne, on a, comme je l'ai dit, dès le début embrassé le point de vue de la jeune femme, et l'on ne doute pas que des choses étranges se trament, et que ça ne concerne ni son intellect ni son affect avec son mari. Au-delà de scénaristiquement nous amener à avoir instinctivement des doutes quant à la fiabilité du docteur, ce contrepoint nous fait regarder les autres sujets tapis : le propos du film est en réalité un questionnement sur la mise en place de nos sociétés actuelles, une interrogation sur la place des groupes marginaux, ici des loups-garous -certes c'est un peu extrême comme marginalité, et également un propos assez critique sur le divertissement télévisuel : là ou cet outil aurait pu être un formidable vecteur d'information, l’appât du gain, couplé à la belle évolution de l'art des effets spéciaux aura fait que le spectateur n'apporte plus aucun crédit à ce qu'on lui montre à travers son petit écran, et que le sacrifice même d'un personnage aura été vain. Pour couronner mon enthousiasme, on retrouve mon cher John Carradine, comme une énième référence aux films de monstres Universal, ici dans le rôle d'un vieux loup-garou dément.
Ma moitié louve est un peu plus sceptique quant au résultat. Joe Dante est au courant du fonctionnement des loups-garous, et nous apporte, dans la boutique de livre mystiques et autres trucs bizarres, un petit cours très bien construit sur les façons de tuer un loup-garou. C'est un peu effrayant pour moi, même, de savoir que les humains sont aussi bien renseignés. Mais là ou il est malin, c'est surtout qu'il se pose des questions qui sont vraiment celles que l'on se pose, nous, ou du moins que l'on se posait en 1980, et y apporte des réponses suffisamment pertinentes pour que ce soit celles que nous avons déduites nous aussi. Je parlais déjà l'autre jour de la nécessité que nous avons eu de nous fondre dans la vie des humains. Mais il est certain que les plus réticents d'entre nous se sont retirés, se sont cachés, dans des endroits comme celui qu'il décrit. La question de savoir s'il faut continuer de chasser les humains, ou d'adopter les méthodes d’élevage de bétail qu'ils ont inventé est une vrai problématique qui anime encore le débat parmi nos rangs. La conversation entre les loups où ils relèvent qu'ils n'ont pas su évoluer assez vite pour s'adapter aux nouvelles réalités est tellement saisissante de réalisme que je me suis même demandé si Joe Dante ne serait pas des nôtres ! Enfin, je dois relever une scène magnifique, sans aucun doute la plus belle depuis le début du mois, avant même la scène de transformation du *Loup-Garou de Londres*, pour laquelle j'ai déjà scandé tout mon amour. Cette scène mystique, de deux personnage faisant l'amour auprès d'un feu, avec le feu en amorce à l'avant plan, eux s'aimant juste derrière, et l'immensité de la nuit derrière eux. Une musique onirique et des hurlements nostalgiques de loups accompagnent formidablement ce moment totalement atypique et sublime. En plus de cette petite perle cinématographique, cela m’amène à deux développement : puisque c'est une scène, au final, de transformation, le bon point est qu'on a pour la première fois du mois une femme lycanthrope ! Champagne ! En plus elle est beaucoup moins gourde que les autres personnages féminins, et ça c'est formidable. Elle est forte, indépendante et libre. Par contre, second développement, et négatif celui là : c'est une scène de transformation je l'ai dit, et là ça pêche. J'avais promis de ne pas me baser sur les deux films précédents, puisque ma chronologie est foireuse, mais je peux pas ne pas me dire : la même année ils faisaient *Le Loup-garou de Londres* (et pas Jurassic Park...). En plus d'effets spéciaux assez ratés comparativement à ce qui se faisait six mois plus tard, on a un réel problème de rythme. Je met de coté cette scène que j'ai beaucoup aimé, mais la deuxième scène de transformation m'a brûlé les rétines ! C'est excessivement long, exactement le travers que je flattais *Le Loup-Garou de Londres* d'avoir évité, à trop se regarder le nombril et vouloir sur-représenter la bestiole. Et en plus comme c'est raté, c'est long ET douloureux. Et pourquoi le personnage en face fait rien que crier comme une nunuche ? Puisqu'il met si longtemps à se transformer, elle avait tout de même bien le temps de reprendre ses esprits et de se casser en courant, non ?! Et quand je vois la conclusion de la scène, ça me donne purement des envies de vomir et de renier tout le film en bloc, malgré les mille compliments que je lui ai fait par ailleurs. Et j'aurais pu me ressaisir -c'est ce que j'ai fait d'ailleurs- si je n'avais pas été ré-anéantie par la scène quasi-finale, la dernière transformation. Pourquoi. Simplement pourquoi est-ce que la forme lycanthrope de blondie ressemble à un caniche ?
Zalya
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le 20 nov. 2017

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Zalya

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