Les hommes sont de beaux salauds !
Première incursion dans l'univers de Cassavetes réalisateur. Je ne serais pas étonné si Apatow s'était inspiré de ces films pour écrire ses personnages masculins. Car Cassavetes est un auteur qui aime ses personnages, on le sent bien. Tout tourne autour d'eux, si bien qu'il n'y a pratiquement pas d'histoire. Le film m'a également rappelé les premiers Scorsese par le ton réaliste et le rythme très brut, que très peu d'ellipses. Je n'aime pas les premiers films de Scorsese. Et je ne suis franchement pas fan de "Husbands".
Il y a des qualités indéniables. Le scénario présente une amitié intéressante, un point de vue sur le male sans gants, un rapport aux femmes assez durs, mais peut-être pas fictif. Ce qui m'a embêté c'est le ton poétique : l'homme est une brute, mais c'est beau. C'est un peu comme ces comédies dramatiques françaises : "Le cœur des hommes". On nous montre que l'homme, dans tous ses défauts présente une beauté indomptable. Ça parle de plein d'autres choses intéressantes, et puis il y a de bonnes idées de scènes. Mais ça manque d'une structure, d'un objectif qui permette de tenir un fil conducteur sur toute la longueur.
La mise en scène est très sobre ; Cassavetes tient sa caméra le plus discrètement possible, et laisse le plus de place à ses acteurs. L'impro bouffe toute l'attention, pour le meilleur mais aussi parfois pour le pire. J'aime beaucoup le grain de pelloche dégueu', ça fait plus intime, comme s'il s'agissait d'un film tourné en famille. D'ailleurs Cassavetes engage deux réels potes à lui pour interpréter ces personnages.
Bref, "Husbands" est intéressant pour ses nombreux thèmes abordés et même pour des idées de scènes mémorables, mais le manque de structure et de rythme empêchent de vraiment apprécier les aventures de ce trio au masculin.