Voilà un film qui était sur ma liste "à voir" depuis un bon moment. depuis ma découverte de NB Ceylan avec le très bon Winter Sleep. C'est chose faite maintenant, et je ne peux cacher ma déception.
La première moitié du film (soit 1h30 quand même) se passe entièrement de nuit, sur des routes perdues dans des confins désolés. On est pris par l'ambiance et par cette quête de "l'endroit". Une ribambelle de flics et gendarmes fatigués escorte un meurtrier à la recherche du lieu ou il a enterré et caché un corps. Point de suspense policier, l’enquête est bouclé, le coupable a avoué. Mais une vraie tension, palpable le long de ses routes sans fin et des arrêts qui se multiplient sans résultat. Le coupable semblant tour à tour prostré et hagard ne sait plus trouver le chemin. Le commissaire, présenté comme une brute épaisse, bavard et sans psychologie, s'humanise petit à petit. Son adjoint est tout aussi bavard que lèche-botte. Le procureur qui en a vu d'autre ne pense qu'à en finir au plus vite pour rentrer chez lui. Le docteur contemple cette misère humaine dans un silence désabusé. Le passage dans un village pour y demander l'hospitalité nous montre presque de façon documentaire la vie des habitants de cette Turquie profonde. C'en est presque fascinant.
Bref jusque là "out va bien" on a de vrais personnages, avec de l'épaisseur, qui se révèlent peu à peu au fil des dialogues, le tout dans une ambiance surréaliste. Et puis le jour se lève et là patatra, tout s'écroule. L'ambiance n'est plus, l'histoire stagne, les dialogues tournent en rond. Pire notre commissaire détesté qui était au centre de l'histoire disparaît on ne sait où. L'histoire se recentre ailleurs. Ce n'est plus le même film et on s'accroche jusqu'à la fin en espérant en vain un rebondissement ou une quelconque relance dans l'histoire. Rien. Il n'y a même pas de fin. Le film s'arrête au milieu du chemin. Le suspense initial et l'histoire elle-même se sont perdus comme emportés par le vent des steppes d'Anatolie...