La Seconde Guerre Mondiale fait rage et les Alliés n'arrivent pas à décrypter les messages des nazis qui utilisent une machine réputée inviolable, Enigma. Alan Turing et son équipe s'attèlent à cette tâche titanesque où le temps c'est de l'argent, ainsi que de nouvelles victimes chaque jour. Entre vie sentimentale instable, jugée indécente pour l'époque, et sociabilité poussive, l'homme doit donner à cette guerre un aspect technologique inédit.

Avec ses huit nominations aux Oscars, Imitation Game semble avoir tout pour plaire au jury américain. Même si cela ne veut pas dire qu'il repartira avec au moins une statuette (il est revenu bredouille des Golden Globes), il y a suffisamment de points qui nous laissent mesurer cet engouement pour un bon film somme toute bien formaté. L'occasion de définir plus précisément à quoi ressemble un film estampillé Oscars.

Un premier rôle mémorable
La verve du film à Oscar est bien entendu son premier rôle. Un temps promis à Leonardo DiCaprio, c'est finalement Benedict Cumberbatch qui a endossé le costume du mathématicien Alan Turing. Peu avare en prestation mémorables que ce soit au cinéma ou à la télé, cette bonne tronche de cinéma envoie encore du lourd en interprétant un personnage complexe, torturé par son homosexualité (interdite à l'époque) mais surtout par la sensation d'être différent des autres. Pas facile d'être un génie, encore plus en temps de guerre ! Très fort pour faire passer des émotions, son jeu d'acteur fait honneur à son personnage qui ne pouvait pas être mieux mis en avant à l'écran. En plus de ce faciès, il y a sa voix de baryton qui lui donne un flegme british toujours délectable. A savoir maintenant si le vrai Turing était si charismatique...

Le mélodrame au cœur de l'Histoire
Ce sont bien souvent les drames qui récoltent la statuette sacrée du cinéma américain. La vie d'Alan Turing a donc tout pour créer de l'empathie tel un génie incompris aux tourments émotionnels complexes. On se porte aussi bien sur le décryptage d'Enigma que sur la vie sentimentale du mathématicien anglais. A savoir maintenant si le fond historique ne nourrit pas de billevesées un scénario qui attend toujours le bon moment pour sortir les violons. Heureusement ce n'est pas/peu le cas, on apprend pas mal de choses sur le processus qui a conduit à "casser" Enigma ainsi qu'à ses suites sous la forme du projet Ultra consistant à intervenir sans laisser supposer que le code ait été décrypté. Le film arrive alors à se renouveler dès lors que l'attraction principale se transforme en un bluff à l'échelle mondiale qui se propage à toute vitesse. Au point certes d'en faire trop lorsque Alan ne peux plus faire confiance à personne.
La limite avec la réalité historique est parfois assez trouble. De plus, on comprend finalement peu (voire rien) sur le fonctionnement de la machine que crée Turing, impossible de savoir la réflexion qui a mené à sa construction. C'est comme ca et puis c'est tout, l'aspect technique est totalement effacé alors qu'on nous bassine sur l'impossibilité de lire les messages cryptés allemands. Tout ce qui touche un minimum à l'esprit mathématique ou bien informatique se limite à des équations sur un papier ou à l'immense ordinateur et ses imperturbables rotors.

Un film à la précision académique
Réglé comme une horloge suisse, tout est savamment calculé pour qu'Imitation Game ne s'éparpille jamais. La forme et le contenu sont déroulés d'une manière tellement académique que les twists ont parfois du mal à surprendre comme quelques tentatives de nous tirer les larmes des yeux. Il y a notamment la situation du collègue lambda de Turing expliquant que son frère va mourir à cause d'un horrible dilemme. Cette scène est tellement tirée par les cheveux que Mark Strong se voit pousser un duvet capillaire. Pour autant, peu de choses manquent à l'appel, que ce soit les images d'époque où la retranscription des mœurs. Impossible de ne pas être un minimum attristé par ce terrible destin qui n'a connu une gloire justifiée que bien trop tard, du moins pas de son vivant !

Une BO frissonnante de beauté
Desplat met les petits plats dans les grands pour nous servir une BO splendide qui nous rappelle que le compositeur parisien ne cesse de s'améliorer et dévoile à chaque fois l'étendu de son irrésistible talent. Plus que jamais, il prend ses marques à Hollywood après son sensationnel travail sur The Grand Budapest Hotel. Le thème principal est d'une grande virtuosité, il comporte un vent épique qui encourage à l’espoir et à l'abnégation. Un très beau moment de musique.

Des acteurs du cru
Enfin, n'oublions pas que le casting est complété par des références du cinéma anglais, du moins dans un contexte grand public. Keira Knightley, Mark Strong, Rory Keannear ou encore Matthew Goode sont les têtes connues ou déjà-vues, synonymes de valeurs sûres.
ZéroZéroCed
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le 13 févr. 2015

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