In the mood for love (2000) - 花樣年華 / 98 min.
Réalisateur : Wong Kar-Wai - 王家卫.
Acteurs principaux : Maggie Cheung - 张曼玉 ; Tony Leung Chiu Wai - 梁朝偉.
Mots-Clefs : Hong-Kong ; Romance ; Atmosphère.


Le pitch :
A Hong-Kong, en 1962, deux couples emménagent le même jour dans une petite pension. M. Chow (Tony Leung) et sa voisine de palier Mme Chan (Maggie Cheung) découvrent que leurs conjoints respectifs entretiennent une liaison. Choqués par cette découverte, les époux trompés se rapprochent l’un de l’autre et essayent de comprendre. Au fil de leurs rencontres, M. Chow sent changer ses sentiments envers sa confidente.


Premières impressions :
In the mood for love, un film dont tout le monde connaît le nom, un film dont tout le monde sait que c’est un chef d’œuvre, mais aussi un film que bien peu de monde a vu, d’une part parce qu’il est hongkongais et que ce n’est pas si évident de regarder les films venant d’Asie, et d’autre part parce qu’on s’imagine souvent qu’il s’agit d’un vieux film à cause de son esthétique années 60. Je dois avouer que je faisais parti de ce « tout le monde » là mais j’ai eu la chance de trouver le film d’occasion pour une somme modique. J’aurais attendu quelques mois avant que l’humeur et l’ambiance d’un soir ne permette de voir le film dans de bonnes conditions et j’ai bien fait car In the mood for love fut une immense découverte !


J’ai toujours aimé les films à ambiances, ceux avec peu de dialogues mais où le jeu des acteurs transpire tout ce que les mots ne font pas. J’ai toujours été fasciné par ces films venus d’extrême orient qui donnent l’impression de plonger dans une culture inconnue, de perdre pied, de me noyer à la recherche des détails porteurs de sens pour finalement me laisser aller à la contemplation. In the mood for love est définitivement de ceux là. Parmi tous les films que j’ai vu cette année, si je ne devais en retenir qu’un, ce serait celui-ci.


Le rythme est lent, la musique d’époque est envoûtante, le jeu et les jeux de et entre Maggie Cheung et Tony Leung me fascinent. Tout passe par le comportement non-verbal, le regard, le mouvement d’une main, un battement de cils. C’est à pleurer de beauté, de subtilité. Je ne connais pas grand-chose du Hong-Kong des années 60 qui ressemble bien peu au Hong-Kong que j’ai visité cette année, j’en connais encore moins sur cette communauté d’immigrés cantonnais qui vivent dans des pensions mais, j’aime cette sensation de ne pas tout saisir. Wong Kar-Wai a grandi dans ces communautés et, au-delà de l’histoire d’amour, il souhaite nous transmettre la réalité de la ces gens. Je me laisse à la fois séduire par l’action et j’essaye de comprendre cette société inconnue, entre spectateur et sociologue…


Le montage fragmente les actions, entrelace les moments… Le cadrage se fait par l’embrasure d’une porte ou d’une fenêtre, par le pare-brise d’une voiture, comme si nous épiions le couple. Le réalisateur nous plonge dans l’espace pour mieux nous perdre dans le temps. Pas évident pour un occidental de juger du temps qui passe, et même si c’est un artefact d’incompréhension culturelle (les repas du film sont typiques de certaines périodes de l’année, le spectateur chinois n’est donc pas perdu), cela rend la poésie encore plus forte et la fascination plus grande.


Côté casting, c’est le star system hongkongais qui est à l’affiche. Maggie Cheung (Hero, Clean, 2046, Police Story 3: Supercop) a tourné dans plus de 80 longs métrages avant In the mood for love, des films principalement hongkongais et peu connu ici, mais c’est surtout grâce au film de Wong Kar-Wai, puis ensuite grâce à Hero de Zhang Yimou qu’elle devient connue en France. Son pendant masculin, Tony Leung Chiu Wai (Chungking Express ; 2046 ; Infernal Affairs), a plus de cinquante films à son actif et avait déjà tourné avec Wong Kar-Wai. Le couple marche si bien (et le star system hongkongais n’étant pas si grand), qu’on le retrouvera à l’écran dans plusieurs films, Hero et naturellement 2046, la « suite » de In the mood for love.


A la fois film poétique, romance, film sociologique et film d’artiste, In the mood for love est une perle comme on n’en trouve rarement. Je suis tombé amoureux de ce film et je vais probablement dévorer un maximum d’œuvres du réalisateur dans les semaines à venir. Bref, pour tout ceux qui repoussent son visionnage, arrêtez d’attendre et prenez le temps, un soir de spleen ou un soir d’amour.

GwenaelGermain
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Mes films chinois (HK compris), Réalisateur : Wong Kar-wai, Vu en 2021 et Portrait de Hong Kong

Créée

le 20 juil. 2017

Critique lue 253 fois

2 j'aime

Critique lue 253 fois

2

D'autres avis sur In the Mood for Love

In the Mood for Love
Velvetman
9

La frustration du désir.

In the Mood for Love n’est pas une fresque romanesque grandiloquente sur l’amour mais le simple récit poétique de deux êtres perdus qui regardent, troublés, la déliquescence de leur couple respectif,...

le 29 déc. 2014

120 j'aime

In the Mood for Love
Anonymus
10

Critique de In the Mood for Love par Anonymus

Ceux qui trouvent ce film chiant n'aiment probablement pas la peinture. Puisque chaque image de ce film est d'une beauté à couper le souffle, d'une vraie beauté de composition, de cadrage, de mise en...

le 11 nov. 2010

113 j'aime

9

In the Mood for Love
Docteur_Jivago
9

Some kinds of love

C'est à Hong Kong en 1962 qu'une secrétaire et un rédacteur emménagent avec leur conjoint respectif dans des appartements voisins. Alors que ces derniers sont régulièrement absents, ils vont peu à...

le 10 juin 2016

84 j'aime

7

Du même critique

Tomiris
GwenaelGermain
6

Jacen - Trip in Asia

Tomiris (2019) – 126 min Réalisateur : Akan Satayev Acteurs principaux : Almira Tursyn, Adil Akhmetov, Erkebulan Dairov. Mots-clefs : Kazakhstan ; guerrière ; péplum. Le pitch : L’histoire véridique...

10 j'aime

2

The Age of Shadows
GwenaelGermain
5

Jacen - Trip in Asia

The age of shadows (2016) - 밀정 / 140 min. Réalisateur : Kim Jee-Woon – 김지운. Acteurs Principaux : Song Kang-Ho – 송강호 ; Gong Yoo – 공유 ; Han Ji-Min – 한지민 ; Um Tae-Goo – 엄태구 ; Lee Byung-Hun –...

9 j'aime

8