Le thème d'Indiana Jones, on remerciera éternellement John Williams.


Indiana Jones - outre son machisme triomphant et ses attributs iconiques - c'est avant tout synonyme d'aventures, de méchants nazis mourant par paquet de douze dans une explosion grandiose et de side-kick comique relativement quelconque.
C'est bien installé que le papa d'Hollywood entame un second opus qu'il finira par renier - l'infâme- tandis qu'il veut nous faire avaler que le quatrième bousin de la franchise vaut le coup.


Je dis Lol.
Même Ptdr, voir XD.


C'est dire.


On retrouve donc Indy - campé par un Harrison Ford décidément très à l'aise dans ce genre de rôle - dans une séquence aussi jouissive que totalement gratuite, fringuant en costume blanc tenant la chique à un chic chinois qui fini par lui refiler une coupe empoisonnée, profitant de la désinvolture de notre mâle américain alpha.
S'en suit une vraie partie de billard, un jeu de course-poursuite à la recherche d'un antidote et d'un diamant, la rencontre avec une belle blonde comme on en fait plus. Puis l'introduction dans la foulée de Demi-Lune et quelques secondes à l'écran suffisent à le définir efficacement.


C'est dans un départ en trombe qu'on reconnaît le beau cinéma de divertissement, n'hésitant pas à nous proposer des scènes d'actions délurées, le tout mené tambour battant pour finir par la plus spectaculaire chute d'avion en canot pneumatique jamais filmée.


La suite est à la mesure de l'introduction. L'intrigue nous place chronologiquement avant le premier opus, dans une Inde fantasmée, chargée de mysticisme et d'obscurantisme. Indy, Demi -Lune (c'est un brin raciste comme surnom, non ?) et la grande blonde échouent dans un petit village vidée de ses enfants et de sa pierre sacrée à cause de l'influence d'un potentat local qui semble frayer avec une secte maléfique. Et voila Indiana parti frapper à la porte dudit palais, avec cette confiance aveugle en ses capacités et sa chance pour s'en sortir.


Il est vrai que Willie - la Indiana Girl joué par la sublime Kate Capshaw - franchit bien souvent la limite du ridicule en poussant des hurlements un brin crispant, mais on sent bien derrière cela la volonté de se moquer gentiment de ces codes du cinéma hollywoodien, de jouer avec humour de ce côté hurleuse de film d'horreur. Nos tympans se souviendront longtemps de la scène avec les insectes ...


La grande réussite de cet opus réside dans l'alchimie entre humour efficace - l'humour de situation fonctionne bien, notamment durant les scènes dans la jungle - et une ambiance sombre qui tranche avec les autres films de cette franchise.


Certains passages sont tout bonnement iconique. Le premier contact avec cet autre qu'est l'Indien revêt déjà un côté grotesque dans une scène de banquet aussi burlesque que démoniaque, où les convives se repaissent de cervelle de singe, d'insectes et de serpents vivants. Tout pointe déjà vers le fantastique, suspicions qui se confirmeront lorsque dans les entrailles de la terre Mola ram invoquera la puissance de Kali en pratiquant des sacrifices humains.
La réalisation se veut alors inquiétante, les couleurs virant du sombre au rougeoyant. Si l'ensemble confine parfois au kitch (les costumes clichés au possible, les incantations un poil caricaturales de Mola ram, la vision très occidental de l'indien) l'ensemble fait mouche et l'on passe en un tour de main du rire à l'inquiétude, voir au dérangeant. L'effet produit – surtout sur le moi-enfant, c'était le premier Indiana Jones que je voyais à l'époque – par cette atmosphère pesante ne manque pas de forcer le respect.


On lui reprochera ce qu'on voudra, je ne peux qu'apprécier cet opus de la saga qui malgré ses tares – réalisation un poil kitch, effets parfois datés, facilités scénaristiques au service du héros qui s'en sort toujours par un coup du sort, jeu d'acteur un brin forcé – réussit le tour de force de nous faire passer du rire à la peur tout en injectant une bonne dose d'adrénaline même chez le spectateur le plus léthargique. Courses-poursuites en wagonnet, saut d'un avion en canot pneumatique, affrontements dans la mine, tous les ingrédients de l'Aventure sont présent. Spielgerg sait faire preuve d'humour voir d'auto-dérision, souvent à l'aide du personnage féminin dont le rôle, il est vrai, se réduit souvent à celui de faire-valoir comique mais qui nous délivre quelques scènes du plus bel effet. La scène dans la chambre – je t'aime, moi non-plus – parodiant les comédies romantiques m'a encore fait rire alors que je connais peu ou prou ce film par cœur.


Et pour ceux qui n'ont pas su apprécier ce film, citons donc Willie :



This is one night you'll never forget. This is the night I slipped right through your fingers. Sleep tight and pleasant dreams. I could've been your greatest adventure.


Petitbarbu
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Films : Mes + et -

Créée

le 19 mars 2016

Critique lue 564 fois

14 j'aime

Petitbarbu

Écrit par

Critique lue 564 fois

14

D'autres avis sur Indiana Jones et le Temple maudit

Indiana Jones et le Temple maudit
SanFelice
9

Mola Ram

Pour commencer, mettons-nous d'accord sur une chose : Indiana Jones, c'est une trilogie. Je sais bien que certains prétendent avoir entendu parler d'un épisode 4... De plus grands menteurs affirment...

le 17 août 2013

82 j'aime

25

Indiana Jones et le Temple maudit
Torpenn
7

Les Indes Noires

L'extrême médiocrité du quatrième épisode avait rehaussé un bref instant celui-ci dans mon souvenir. Maintenant que cette immondice n'est plus qu'un lointain et vague cauchemar, tous les défauts du...

le 12 août 2011

82 j'aime

40

Du même critique

Festen
Petitbarbu
8

L'important, c'est la famille.

Fever Ray - I'm not Done Pour son premier métrage dans le cadre du mouvement Dogme95, Vinterberg nous immerge dans un repas de famille bourgeois prenant place dans le manoir familial, isolé dans la...

le 22 août 2015

82 j'aime

9

Le Voyage de Chihiro
Petitbarbu
9

Session Ghibli, septième séance : Le Voyage de Chihiro.

Il y a deux approches possibles pour le vilain cinéphilique que je suis - comprendre vilain dans son sens primaire, le roturier, le paysan, le péquenot - lorsqu'il se frotte à la critique, critique...

le 5 août 2015

76 j'aime

29

Snowpiercer - Le Transperceneige
Petitbarbu
8

Je hais les trains.

Une fois n'est pas coutume – parce que je ne raconte pas souvent ma vie – je vais commencer par vous parler un peu de moi. Et pourquoi ? Et pourquoi pas ? C'est ta critique, d'abord ...

le 16 août 2015

63 j'aime

17