Vers l'Infini et Au-delà !
Tel un astrologue, j'avais prédit une pépite pour Interstellar. Les planètes étaient alignées : Nolan, Zimmer, et du 70mm ; ça déboîte !
Bon alors déjà, avertissement : ce film a un contenu très facilement spoilable, soyez vigilants quand Didier de la compta en parlera à la machine à café et allez le voir vite ! No worries, cette critique restera une expérience spoil-free ;).
Bon voilà le topo : la terre meurt. McConaughey, ancien pilote de la nasa reconverti en agriculteur du futur par obligation se retrouve intégré à une dernière mission avec Catwoman et Alfred pour coloniser l’espace et sauver les miches de l’humanité condamnée à manger du pop corn pour ses dernières années (heureusement du pop corn salé par la poussière).
Déjà premier point sur le back ground : Alors que la plupart des films catastrophe vous nous peindre une fin du monde cataclysmique ou ca pète de partout avec des émeutes et tout pour bien faire comprendre que c’est la fin du monde, Interstellar nous propose une vision beaucoup plus réaliste de la fin du monde avec une destruction beaucoup plus lente et crédible s’étalant sur plusieurs générations. Voilà qui est malin ! Aucune date n’est indiquée mais on devine que c’est dans un futur relativement proche, et on s’y projette bien facilement. Intéressant.
On nous a promis un Space Opéra de fou dans la lignée de 2001 L'Odyssee de l'Espace : bah c'est ça, en ajoutant du Sunshine pour le côté carte postale spatiale, Contact pour le côté métaphysique, et Gravity pour la technique. Mission accomplished !
Si vous connaissez un peu Nolan, vous savez que le gars laisse peu de choses au hasard (sauf peut être la mort de Marion Cotillard dans TDKR) et qu’il aime beaucoup aller au fond de chaque aspect de son film. Ici, Nolan nous offre une montagne de concepts très intéressants condensés dans son film pour les découvrir peu à peu à travers le hublot de la navette des explorateurs. La foi, l'amour, l'espoir, la relation au temps, le destin de l'homme, etc... Autant de thèmes plus ou moins profondément abordés qui enrichissent l'histoire et les personnages (la scène des vidéos reçues sur le terminal télécom est particulièrement forte).
Mais le fil d'Ariane de tout ça c'est l'exploration de l'espace et techniquement c'est balèze. Pour écrire le scénario avec son frère, Christopher Nolan s’est offert les services de Kip Thorne, physicien théoricien expert dans le domaine de la gravitation et de l'astrophysique et notamment balèze sur la théorie de la relativité générale. Vous connaîtrez sans doute mieux un de ses grands amis : Stephen Hawking. Rien que ça. Et on peut dire que ça donne un sacré relief au bazar !
Wouah ! j’ai rarement vu un film qui abordait aussi bien les concepts d’astrophysique sans nous prendre pour des buses totales en nous expliquant tout de A à Z ! La RELATIVITE gros ! C’est honnêtement un pari assez risqué dans un film grand public de tirer un grand trait sur une notion aussi fondamentale que le temps. La plupart du temps (hoho) il est très difficile d’imaginer que ce n’est pas une constante fondamentale, mais le film arrive à intégrer remarquablement bien ce concept de relativité pourtant extrêmement complexe à saisir pour nous pauvres humains sur le plancher des vaches. Même si le film explique bien les choses sans en faire des tonnes, je vous conseille de réviser vos bases en relativité pour apprécier toutes les petites nuances et subtilités du film, et surtout sa rigueur scientifique. Je vous propose ces 2 excellentes vidéos d'e-penser pour bien comprendre ce qui se passe en vrai selon les théories d'Einstein :
La relativité restreinte (le temps et l'espace toussa) https://www.youtube.com/watch?v=KX9QSjv0Ib0&list=UUcziTK2NKeWtWQ6kB5tmQ8Q&index=9
La relativité générale (la gravitation toussa) https://www.youtube.com/watch?v=6JLgWX9iqgo&list=UUcziTK2NKeWtWQ6kB5tmQ8Q
Bien entendu, le film relève de la science fiction et Nolan profite des nombreuses inconnues de l'espace pour aller loin, très loin dans son interprétation au point même de faire très peur au début du dernier chapitre avec un twist assez wtf, pour finalement retomber merveilleusement bien sur ses pattes, et on y croit à mort. Cela reste donc malgré tout une SF bizarrement plausible et maligne dans la façon de nous présenter les choses.
Les 2h49 du film passent très vite grâce à une réalisation au poil qui nous scotche du début à la fin sans nous saouler. C'est bien rythmé et magnifiquement bien accompagné par la musique de Hans Zimmer, enfin de retour dans la subtilité d'antant. Généralement omniprésente, la musique de Zimmer est là d'une justesse et d'une pertinence remarquable. Un Space Opéra se dévoile à nos yeux, soutenu par un orgue, fortissimo, tous jeux sortis, qui nous emplit les oreilles jusqu'aux entrailles pour nous faire apprécier le silence de l'espace juste après tout en nuance, parfait !
Le 70mm IMAX est juste indispensable pour profiter de la meilleure expérience visuelle et sonore. Bon sang ! Certaines scènes humilient juste les meilleures attractions du futuroscope et vous fait prendre 5G dans le fauteuil du ciné comme si vous y étiez ! Bluffant... Si vous pouvez le voir dans une des 5 salles IMAX de France, n'hésitez pas une seconde.
La direction d'acteurs n'est pas vraiment le dada de Nolan, mais cette fois c'est plutôt un bon cru, avec même une guet star surprise qui apporte de la nouveauté. Le robots TARS et CASE, à la forme la plus improbable de l'histoire du robot au cinéma, sont très originaux et vraiment cools : Jamais vu des briques en alu aussi efficaces :)
Interstellar est donc une très belle réussite, un film riche et intelligent, une nouvelle étoile du berger qui servira de modèle dans le club très sélect de l'aventure SF "réaliste" et nouvelle référence pour parler de Space Opéra et d'exploration.
See you Starside !