A force d'encenser le cinéma de Christopher Nolan, souvent bien au-delà de ses véritables qualités (c'était déjà flagrant avec "Dark Knight Returns"), on devait logiquement en arriver au plantage de "Interstellar" : la mégalomanie fait toujours mauvais ménage avec le talent limité... Et Nolan n'est, malgré ses ambitions délirantes, ni Kubrick ni Tarkovski, deux "grands" abondamment cités dans le fond comme dans la forme de cette étouffante et laborieuse pièce montée qu'est "Interstellar" ! Le pire est qu'il n'est même pas Cuarón, et que le vertige physique absolu de "Gravity" semble perpétuellement inatteignable ici, tant Nolan ne patauge pas seulement dans ses idées (toutes petites, ses idées, on est loin de la métaphysique quand on passe son temps à opposer le fait de vouloir sauver sa famille au destin de l'humanité toute entière : niveau dissertation de 3ème, peut-être ?), mais aussi dans sa réalisation, qui n'arrive quasiment jamais à transcender un scénario bavard, trop complexe, inutilement chargé de "twists" comme un vulgaire blockbuster US standard. Alors, oui, quand même, il y a quelques scènes (sur trois heures de film, quand même) à sauver, en particulier lors de la belle ouverture du film, et également lors du moment clé dans le tesseract du trou noir. Oui, comme il faut remercier le cinéma US pour ses tout petits miracles, on est heureux de ne voir pas débarquer à la fin cette explication "divine" qui menaçait depuis un moment, ou encore du fait que Nolan abandonne en route ses âneries sur l'Amour comme "nième dimension". C'est bien, mais c'est terriblement peu au milieu de trois heures d'ennui. [Critique écrite en Novembre 2014]
Note : Film réévalué de 4 à 6 après un second visionnage en Bluray Disc. Fondamentalement, mon avis n'a pas changé, mais j'ai retiré pas mal de plaisir cette fois. Et puis, curieusement, Nolan n'introduit aucune intervention divine dans "Interstellar", ce qui, à notre époque, vaut bien un point de plus!