Quête survivaliste, conquête spatiale
Comme souvent chez Nolan, le récit ne se déploie qu'à travers un montage qui fait la part belle aux sauts temporels et/ou géographiques. La première partie du film a lieu sur une terre menacée par la famine, balayée par des tempêtes de sable dévastatrices. Les plans sont apocalyptiques ; les témoignages diffusés font froid dans le dos. Un pilote va se voir proposer une mission en vue de sauvegarder l'espèce humaine. Le déchirement familial guette.
Plus tard, c'est dans l'espace que l'essentiel de l'action se déroulera. Il s'agira pour le héros interprété par Matthew McConaughey de visiter des planètes potentiellement exploitables, donc habitables, en vue d'y installer ce qu'il reste d'une humanité largement décimée. Une quête spatiale qui donne lieu à des images magnifiques, taillées à la mesure de l'ambition du cinéaste. Entretemps, le spectateur basculera plusieurs fois sur terre, histoire de suivre les péripéties des enfants que l'ingénieur-pilote a laissé derrière lui. On n'y rigole guère.
"Interstellar" brille par plusieurs spécificités : une vraie densité thématique, allant de la survie à l'exploration spatiale, en passant par une réflexion métaphysique sur l'essence de l'aventure humaine ; une imagerie somptueuse, faisant des trous de ver de véritables morceaux de bravoure ; une émotion bien dosée, portant tant sur la vie familiale que sur les états d'âme des personnages ; globalement, une écriture qui fait mouche, malgré quelques longueurs plus anecdotiques qu'autre chose.
Un des meilleurs Christopher Nolan à ce jour.