Mieux vaut tard que jamais (une critique inachevée)

Interstellar est un bon exemple du cancer qui ronge le cinéma actuel (OUI, j'écris "CANCER QUI RONGE" car à cliché, cliché et demi). Et je dirais même qui ronge notre VIE.
(Des caps, des généralités, c'est bien parti comme critique...)


Interstellar est globalement bien foutu, visuellement attractif (encore que excusez-moi mais après Gravity, l'effet d'ombre portée sur engin spatial en rotation fait un peu déjà-vu), avec des acteurs qu'on aime bien, et de l'anticipation qu'on adore (quand je dis "on", c'est pour faire la modeste, mais on = je, vous aviez compris).
Mais Interstellar repose sur un scenario aussi cliché qu'un cancer qui ronge et sur des valeurs tellement américaines qu'elles me sont étrangères, alors qu'on parle de sauvegarde de l'Humanité "dans sa diversité" (garantie par la grande bouche d'Anne Hathaway).


[Attention, ça va spoiler] [mais pas trop]:
L'homme est un Pionnier. Je mets volontairement un h minuscule, parce que la femme, elle, est une Génitrice (ou une gardienne d'embryons congelés, ce qui revient presque au même sans avoir à déformer le joli corps d'Anne Hathaway). La nature de pionnier de l'homme le pousse donc à vouloir aller voir toujours plus loin si l'herbe est plus verte, surtout s'il faut PILOTER un engin pour y aller (cheval, caravelle, navette spatiale...). Le pionnier n'en a rien à foutre des situations merdiques comme une planète ravagée par la pollution et la sur-population ou une famille qui le retient par pur chantage affectif, puisque la nature du pionnier c'est de dire "tabula rasa les mecs, j'ouvre la voie et qui m'aime me suive (retrouvez-moi au saloon)".
Le pionnier est un mal nécessaire. Mais le pionnier n'est pas une fin. Dans une vie gouvernée par les pionniers, on n'aurait aucun repère fixe, on n'aurait rien construit. Et on ne s'attacherait à rien puisqu'on sait qu'on va tout quitter pour "ailleurs".


C'est un de mes (nombreux) problèmes avec Interstellar : on passe vite fait sur l'état paradoxal de la Terre où on n'a plus rien à bouffer mais où on a l'air de se porter bien (hormis cette sacrée poussière! La nature est définitivement hostile!), où on roule en 4x4 en écrasant les récoltes qu'on a tant de mal à préserver, où on pilote des drones avec le touchpad d'un PC DELL Latitude, où on ne veut pas d'ingénieur mais où on a besoin de cinq moissonneuses-batteuses (certes solaires) pour récolter les maïs survivants aux rodéos en 4x4, où on a besoin de paysans qu'on nourrit au base-ball plutôt qu'à la biodynamique, etc...


Et regardez : j'ai déjà écrit un pavé et j'ai même pas encore abordé la problématique quantique!


Au-delà de l'incohérence d'un monde sensé mourir de faim mais toujours alimenté plein pot en énergies fossiles, comment ces gens peuvent-ils penser qu'ils feront mieux ailleurs? Une humanité pareille, excusez-moi, mais qu'elle CREVE!

Tyran
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le 31 mars 2015

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Tyran

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