Découvert après la bataille pour laisser retomber la hype et surtout les interminables et très stériles débats qui entourent chaque film de Nolan.
Je dois dire qu'au premier abord le film a d'énormes faiblesses, en premier lieu desquelles une relative absence de fond, un discours scientifique tartiné d'humanisme un poil concon, et surtout une abondance de twists et de péripéties - parfois complètement idiotes - qui le détournent de son sujet, quel que soit ce dernier.
Matt Damon en traître suicidaire qui veut tuer tout le monde et donc sacrifier l'humanité entière pour sauver sa peau, really ? Ca va l'aider à se sentir moins seul comment, exactement ? :
Je passe sur les discours sur l'amour et autres "je veux sauver mes enfants" qui ne permettent pas à Interstellar de dépasser son statut de simple gros film hollywoodien.
Il m'a toutefois fait penser à une autre oeuvre bâtarde et imparfaite que j'affectionne particulièrement, le Contact de Zemeckis dont on retrouve ici le fil rouge père/fille, en un peu moins niais toutefois, mais en aussi envahissant. Ayant pour racine un livre de Carl Sagan, Contact interrogeait la foi, la science, et notre finité. Interstellar fait peu ou prou la même chose, mais à l'aune du film de divertissement pur, qui doit livrer son quota de frissons, d'adrénaline et de suspense.
Comme prisonnier des contraintes financières qui ont permis sa mise en oeuvre, Interstellar a, comme souvent chez Nolan, la gueule d'un film plus intelligent que la moyenne, engoncé dans les contraintes d'un blockbuster rentable. Le cinéaste ne sera ni le premier ni le dernier à devoir faire l'expérience de cette schizophrénie, mais c'est dommage parce qu'avec un tout petit peu plus de tripes et de courage on tenait le 2001 de cette génération, l'oeuvre qui aurait de nouveau tourné le visage de nombreux spectateurs vers les vraies étoiles.
Reste un film très recommandable, traversé de moments qui impriment la rétine, de questionnements métaphysiques vertigineux (ceux-là même qui étaient tellement absents d'un Gravity) même si on cherche moins le fond que la simple péripétie, et c'est dommage.
Mention spéciale la musique de Hans Glass, dont c'est sans doute le meilleur score depuis Koyaanisqatsi, dommage que Nolan ait toujours ce travers de l'excès de décibels.