Nombreux sont les réalisateurs ayant souhaité se perdre dans l'espace... Entre franches réussites, demi déceptions ou navets sans noms, difficile d'apporter quelques choses de plus à un genre maintes fois exploités. Et pourtant...


Interstellar nous ressort la carte d'un monde à la dérive, d'une Terre mourante, d'une humanité s'asphyxiant lentement dans des tempêtes de sable cherchant la rédemption dans un utopique mais vain retour à la terre. C'est dans ce contexte, qu'un ancien pilote va se retrouver confronter au choix d'abandonner ses deux enfants pour partir à la recherche d'une possible nouvelle planète permettant la survie de l'espèce humaine.


Sunshine envoyait Icarus 2 ranimer le soleil, Interstellar recherche un nouveau monde. Mais qu'importe la destination car, ici, c'est bien dans le voyage qu'est l'intensité. Voyage qui va s'étendre sur des dizaines d'années où un père verra ses enfants vieillir à travers des messages video, où des mondes se révéleront bien moins hospitaliers que prévus, où le temps fera ses ravages... Le temps, ou plutôt la gravité... Entité invisible qui traverse tout le film, à la fois début et fin de toute chose, problème et solution.


Nolan choisit de nous offrir un film long et contemplatif, rempli de moments d'émotion (ce message spatial où le héros découvre le destin de sa fille et de son fils des dizaines d'années plus tard alors que lui n'a pas vieilli), de scènes poignantes (la vague) et d'une réelle réflexion sur le sens de nos choix, de ce qui est réellement précieux, de l'amour et du temps qui passe... C'est peut-être ça le plus frustrant dans Interstellar, les idées sont parfois trop nombreuses, le film ne manque pas de pistes de réflexions mais ne va parfois pas au bout de ses ambitions; laissant le spectateur dans le doute et le questionnement... D'une certaine manière, cela participe aussi de sa réussite.


Interstellar est un peu à l'odyssée spatiale ce que La Ligne Rouge est au film de guerre, une traversée qu'on ne suit pas, mais qu'on vit avec les personnages; une expérience qui nous ramène à ce que nous sommes. Il est au final, très compliqué de mettre en mots une critique de ce film tant chacun peut le vivre de manière radicalement différente: s'exaspérer de sa lenteur ou se fasciner de sa triste et noire beauté. Une seule chose est sûre, se perdre dans les étoiles et dans le temps, le tout accompagné la sublime bande son d'Hans Zimmer n'aura jamais été aussi bon... pour qui acceptera de s'y laisser entraîner...

jeds
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le 6 juil. 2015

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jeds

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