La rédemption d’une femme battue intégré à une histoire de film avec comme matière ce concept d’homme invisible, qui plus est produit par un studio tel que la Blum house (Get out, Paranormal activity etc.) est d’emblée une idée attirante qui mérite d’être souligné. Ainsi cette merveilleuse inspiration artistique nous mène à suivre une jeune femme, Cécilia Kass, persécutée par son mari qui va s’échapper de chez elle, terrorisé par celui-ci, et se morfondre dans sa peur chez des amis à elle jusqu’à ce qu’elle apprenne que son agresseur a fini par se suicider. Toutefois les choses s’emballent lorsqu’elle subit les violences d’une forme invisible qui lui pourri la vie, forme qu’elle soupçonne alors d’être son mari. Le sujet est donc très intéressant d’autant plus lorsqu’on commence à apprendre les motivations on ne peut plus narcissiques de l’agresseur, qu’il est d’ailleurs intéressant de transposer chez ces mêmes agresseurs qui sévissent encore aujourd’hui, jusqu’à malheureusement ce que le récit s’emballe vers une quête de spectaculaire qui le dessert complètement.


Ainsi mis en perspective avec le reste du film, le scénario en tant que tel ne permet que très peu de s’attacher ou s’identifier aux difficultés rencontrées par l’héroïne tant la psychologie du personnage est balayée pour convenir à un spectacle qui déjoue très souvent. En effet, la première partie va à toute vitesse sans qu’on puisse se reconnaître en la protagoniste, celle-ci passe d’un état de peur, de faiblesse, dépendante des autres jusqu’à soudainement se métamorphoser dans la deuxième partie et devenir soudainement l’égal physique ou presque du frère comptable transformé alors en Terminator 2.0, personnage qui n’a d’ailleurs aucun intérêt si ce n’est de perdre complètement le propos de base. Le film s’égare dans la durée à trop vouloir s’égarer dans un spectaculaire forcé, alors que la peur peut tout à fait bien ressortir dans l’intimité, l’identification à un personnage ou même l’imaginaire et donner un effet semblable et tout aussi intéressant pour tout le monde. En effet puisqu’en rationalisant le fait d’être invisible, en sur-expliquant tout ce qui se produit à chaque moment de l’histoire sans laisser place à aucune imagination et donc implication du spectateur, on a le sentiment que tout sera dévoilé, justifié en nous tenant par la main sans part de mystère, et alors sans que ça vaille réellement la peine de voir l’histoire, autant la lire tant ce que l’on voit devient d’un ennui terrible. En mettant l’imaginaire de côté on enlève ainsi tout le charme et la part de mystère que peut produire le cinéma, car c’est ce qu’on ne voit pas, au final, qui est fascinant.


La mise en scène est toutefois intéressante mais très déséquilibré sur tout le film où l’on remarque quelques scènes marquantes comme dans le restaurant par exemple ou au début dans la maison de ses amis mais sans pour autant être mémorable au point de pouvoir oublier les longueurs interminables des multitudes de combats sans intérêt s’enchaînant dans le dernier tiers du film. Le troisième long-métrage de Leigh Whannel réussi son pari lorsque ces scènes qui sont censés valider ce titre commercial de film d’horreur sont orchestrer de manière plus maline. Car en effet le concept d’homme invisible appel cette subtilité. Stimuler l’imaginaire du spectateur pour se demander où se situe la menace et le hors champs implique alors une tension qui provoque tellement plus d’effets qu’un combat armé avec un costume défectueux face à une héroïne qui au fil du film ne donne à aucun moment l’impression de pouvoir prendre le dessus sur son adversaire, si ce n’est par le coup du sort. C’est lorsque l’homme invisible est invisible qu’il nous intéresse et nous fascine, lorsqu’il hante la maison par de gestes très simples mais qui en deviennent alors terriblement terrifiant, et c’est par là que le réalisateur a perdu son sujet.

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le 4 mars 2020

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