Hallucinations ou réalité ?


Pas tout jeune l'homme invisible, héros éponyme d'un roman de science fiction signé H.G Wells en 1897. De 1909 à 2020, ce personnage terrifiant aura connu une vingtaine d'adaptation filmique et cinq adaptations en séries télévisées. Toute la question était de savoir si Leigh Whannell allait réinventer convenablement un personnage si mythique ancré dans le cinéma de science fiction/horreur. Moi qui suis grand fan de la série des Universal Monsters, j’ai été dérouté dans tous les sens.


Vous vous souvenez de tous ses films traitant du harcèlement ? Vous savez ceux où vous passer plus de 2heures à vous ronger les ongles de colère ? Et ba on est en plein dedans puissance 10. Je préférais la vision de Paul Verhoeven. Certes plus spectaculaire grâce à ses effets spéciaux dernier cri exploitant à merveille le sujet de l’invisibilité mais au moins, pas de risques d’avoir des envies de meurtres ! Imaginons que tous les bourreaux des « Harcèlement », « Liaison fatale » et autres « Sexcrimes » aient eu la capacité de se rendre invisible ? Aucun moyen de leur échapper, aucun moyen pour la police de mettre la main dessus.


Nous ne sommes pas face à une œuvre purement et simplement fantastique. Celle-ci ce veut plus réaliste, évoquant des thèmes actuels de notre époque pour se tourner vers la crédibilité. Loin de ce que proposait « La Momie » ouvrant un hypothétique Dark Universe. Verra-t-il le jour ? En tout cas, en vue du générique d’ouverture, je n’ai pas vu son logo. Dans ce film, pas d'effets spéciaux à outrance, le réalisateur mise sur le jeu incroyable d'Elisabeth Moss habitée par le rôle de cette femme gagnant en force mais n’arrivant pas à se défaire de son ex et ses quelques effets spéciaux de qualité (rien que la scène de confrontation dans la cuisine envoi du pâté impérial), utilisés de ci de là pour ne pas donner l'impression au spectateur de s'être trompé de film. Dès sa superbe introduction jouant déjà habilement avec son concept, nous voila plonger dans le quotidien terrifiant de Cecilia.


Au départ, nous ne savons que peu de choses sur les raisons ayant conduit notre héroïne à préparer son coup: fuir son domicile. Une jolie petite villa vitrée en haut d'une falaise! Et quelle maison. On peut dire qu'elle est sécurisée autant dedans que dehors. Encore un homme riche se servant ingénieusement de son argent si ce n'était pas pour…empêcher sa femme de vivre! Oui, Adrian, riche scientifique spécialisé dans l'optique est de ceux là. Il contrôle tout. Sa vie, sa maison, SON CHIEN, et sa femme. Il se dévalorise, il rabaisse les autres, raconte plein de mensonges pour passer en victime alors qu’il est atteint d’une jalousie maladive, bref, je vous présente le pervers narcissique.


Autant vous dire que ce film a une importance étant donné que ce type de personne est très peu dénoncé au cinéma. Le réalisateur maitrise son sujet. Son héroïne a été salement amochée psychologiquement et on peut la comprendre, éprouver de l'empathie à son égard. Heureusement, elle a réussie à se réfugier ses son meilleur ami (un policier balèze), encore hantée par sa relation et peine à retrouver un semblant de vie normale. Seulement le cauchemar est loin de se terminer.



Réfléchissez, il a trouvé comment vous persécuter au-delà de la mort.
La seule chose encore plus géniale que d’inventer un moyen de devenir
invisible c’est de ne pas l’inventer, mais de vous y faire croire.



Le film qui dénonce et le fait bien


Quelques semaines plus tard, elle apprend que son ex s'est donné la mort suite à son départ et lui a légué une très grosse somme d'argent. Cecilia peine à le croire mais commence à essayer de se reconstruire, soutenue par son meilleur ami et sa fille. Des évènements étranges vont commencer à se produire autour d’elle, le peu de lucidité lui restant va disparaitre peu à peu avant de la laisser place soumise à la paranoïa. Adrian est-il réellement mort ? Cecilia, victime d’insomnies depuis des années a-t-elle des hallucinations ?


Tandis que son meilleur ami et sa sœur la croient zinzin et que nous, pas du tout, ce petit filou de Leigh Whannell a plus d’un tour dans sa botte. Vous le savez, j'aime beaucoup les productions Blumhouse. Elles ne sont pas toutes de qualité, je suis le premier à le reconnaitre. Certaines se ressemblent, d’autres font dans l’inventivité, d’autres abusent un peu trop des jumpscares parce que Blumhouse sait que son public sera majoritairement adolescent, d'autres pas. Le format d’Invisible Man ne ressemble en rien à ce que l’on voit régulièrement. Pour vous dire, son trouillomètre fonctionne bizarrement, montant progressivement, s’arrêtant parfois puis reprenant de plus belle jusqu'à ce qu'on est une envie humaine d'agripper quelque chose. PAS LE BRAS DU VOISIN S'IL VOUS PLAIT! Encore moins cette peluche que vous adorez tant ! Vous n’avez pas vu Toy Story ?!


Invisible Man, c’est du genre film malin, écrit intelligemment, filmé intelligemment, offrant des rebondissements intelligents. Nous nous posons tout un tas de questions ce qui, vous vous en doutez, donne de l’intérêt à voir ce film peu avare en tension. Ce qui m'a le plus surpris, c'est de me retrouver face à un film d'horreur n’étant pas réduit à ce statut puisqu’il parle de harcèlement et de violence masculine faite à une femme. Autant vous dire que sa création est loin de ne servir à rien. Peut-il faire bouger les choses ? Je le souhaite.


Cecilia, même si personnage fictive, joue les porte-paroles pour ces milliers de femmes en pleine détresse, celles tentant d’appeler à l’aide, celles qu’on refuse d’entendre, de ne pas croire, celles qui pour certaines, périront des coups de leur conjoint laissant leur entourage, le même ne les ayant pas pris au sérieux, gonflé de culpabilité. Imaginez un peu ce genre de victime perdant de plus en plus la boule face à un revenant...ou pas, capable...ou pas, de se rendre invisible ? Ne faites pas comme pour Paranormal Activity, ne reprenez pas vos habitudes d’enfant, forcez à vous dire que des forces invisibles s’attaquant aux êtres humains, ça n’existe qu’en imagination.



Ne le laissez pas gagner en le ramenant à la vie.



Si vous faites parti de ces victimes, je vous déconseille fortement ce film et si vous êtes du genre à prendre les choses beaucoup trop à cœur, oubliez le visionnage pour le bien de votre santé morale.


Au final, Invisible Man, même si un seul et unique visionnage suffira dans ma vie, est du thriller horrifique rusé, palpitant malgré quelques lenteurs avant une dernière demi-heure de folie. Les monstres ne sont pas tous obligés d'arborer des tentacules ou des corps à la peau toute décrépie.

Jay77
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le 24 mai 2020

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