On avait pu le constater devant sa version d’Yves Saint-Laurent (très éloignée de la virtuosité de celle de Bonello) Jalil Lespert, réalisateur, est un bon artisan, rien de plus, rien de moins, il ne faudra donc pas s’attendre à une œuvre originale et personnelle. Partant de là, Iris est un objet tout à fait passionnant. Déjà, on peut dire que je suis la cible idéale, puisqu’il réactive un genre, quasi exclusivement américain, tombé en désuétude depuis son pic de conception durant les années 90 : Le thriller érotique. Pêle-mêle, pour le meilleur comme le pire, j’ai des souvenirs d’ado d’Excès de confiance, Liaison fatale, Les nuits avec mon ennemi, Color of night, Sexcrimes, Harcèlement, entre autre. Je mets volontairement de côté Verhoeven (Basic Instinct) et De Palma (Body Double) car il y a là de vraies propositions de mise en scène et non des films que n’importe quel yes man aurait pu construire de façon identique. Lespert s’inscrit dans cette veine. On craint d’abord qu’il nous sorte un sous Gone Girl. Puis finalement ça semble plus tarabiscoté, moins mystérieux, davantage film de seconde partie de soirée sur une chaine hertzienne. Mais il fait les choses correctement, joue habilement des fausses invraisemblances (le jeu volontiers rentré de son personnage de banquier, qu’il incarne lui-même d’ailleurs) que des nombreux flashbacks et twists en rafale ou plutôt disons que l’on voit tout venir dans ce qu’on a l’habitude de guetter (Qui est la victime ? Qui est le méchant ?) mais pas du tout sitôt qu’on prenne le récit pour ce qu’il est : Un enchainement de grandes choses malheureuses et non une machination diabolique. Je ne voudrais pas en dire trop, mais le film s’en va de façon plus surprenante qu’il en a l’air, et s’avère plutôt émouvant, débarrassé de ces habituels affrontements finaux qui font le sel du genre. Et puis il joue sur le terrain de l’intimité sadomasochiste, on n’a rarement vu ça dans le genre, il me semble – La scène pivot, qu’on a pourtant compris avant de la voir, est vraiment forte. Coté mise en scène ça reste donc très scolaire, mais soigné dans le scolaire, musique sulfureuse comprise, et c’est exactement ce qu’on attend de ce type de film. Je recommande, donc.

JanosValuska
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le 13 janv. 2018

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