Lorsque j'étais au lycée, en philosophie, on parlait très souvent de l'Art. Qu'est ce que c'est ? Est-ce que ça doit forcément être beau ? Est-ce qu'il doit remplir des critères "objectifs" afin de le différencier du reste des productions dites "non-artistiques" ? Oui, mais qu'est-ce que l'"objectif" alors? Est-ce que ça doit forcément faire réfléchir le public sur un sujet ?... Bref, l'Art, c'est flou et, en un sens, chacun a son Art, son interprétation et sa vision du sujet. Si je vous balance tout ça en intro, c'est parce que, dans le lot, certains "artistes", certaines "démarches" me dépassent complètement et le film dont nous allons parler en fait partie :


Gaspard est violent, Gaspard est vulgaire, Gaspard est sanglant mais surtout, Gaspard est dérangé. Mesdames et messieurs, Gaspard Noé et son légendaire Irréversible.


A une époque où on adore sortir le terme "casser les codes de la narration", un jeune réalisateur prend ces mots au pied de la lettre et nous pond un film à l'envers à la manière d'un Memento. Sous cette narration un brin prétentieuse, Gaspard en rajoute des caisses avec des effets de caméra qui ont sans doute inspiré le Projet Blair Witch.


Irréversible est un film moche, sale, dérangeant et survolté. Son principal argument de vente, c'est une scène de viol et tous les soit-disant scandales qu'il aurait engendré à Cannes... Personnellement, j'ai du mal à comprendre cette démarche d'aller voir un film pour en sortir sali. Bien sûr que toute œuvre n'a pas pour vocation de faire la morale ou de nous balancer tout un tas de mièvreries idylliques... Parce que ça ne serait une représentation fidèle de la vie de tous les jours mais tant de détails me dérangent dans ce film...


Il y a, pour commencer, une forme d'homophobie et une représentation absolument hardcore du milieu gay qui m'a légèrement foutu la gerbe, mais le pire, c'est qu'à la fin de ce métrage, je n'ai pas réellement eu l'impression d'assister à un véritable film. Chaque plan, phrase, action est là pour nous mettre mal à l'aise ou nous choquer. Dans une autre vie, j'aurai pu en parler comme d'un film à l'ambiance solide et sordide sauf que, dans ce cas précis, il n'y a pas de vraie histoire, pas de vrai travail de recherche artistique ni même de réelle empathie pour les personnages. A force de violence, l'ensemble est banalisé et cette fameuse scène de viol m'a littéralement laissé de marbre puisqu'elle est totalement fondue dans cet ensemble tordu.


Par ailleurs, la narration à l'envers n'est pas très utile. Elle sert seulement à la fin pour rendre la tragédie encore plus atroce... Sauf qu'encore une fois : Trop violence et de macabre tue la violence et le macabre. Le seul personnage un peu sympathique est là pour s'en prendre plein la figure tandis que le reste fait simplement "évoluer" le film vers quelque chose d'encore plus hard. C'est un film porno qui remplace le sexe par du trash. Dans tous les cas, je trouve que le tout est mal dosé et dispensable.


Parce que oui, Gaspard n'est pas bien dans sa tête. Il aime faire rentrer son audience dans ces délires et, personnellement, je trouve ça triste qu'on l'encourage. Certains trouveront chez ce type quelque chose de rafraichissant, "enfin un homme qui montre ce que personne n'a jamais osé montrer", désolé, c'est de la poudre aux yeux. Ce n'est pas du talent, simplement le pendant punk du cinéma qui peut se féliciter de vivre dans un pays qui ne censure pas son film et, par la même occasion, un bel abus du terme "démarche artistique".
Secouer la caméra dans tous les sens, faire un "violent-porn" et inverser le tout pour se donner des airs, ce n'est pas de l'Art, ce n'est pas beau. C'est de la provocation gratuite. Le plus regrettable, c'est que le bonhomme n'a pas l'air de s'en rendre tout à fait compte et continue de se vendre comme un artiste, mais ce qui me choque réellement dans cette affaire, c'est que les producteurs et les comités de censure le croient encore...

GrenKopun
3
Écrit par

Créée

le 28 avr. 2015

Critique lue 461 fois

5 j'aime

1 commentaire

GrenKopun

Écrit par

Critique lue 461 fois

5
1

D'autres avis sur Irréversible

Irréversible
Behind_the_Mask
9

Illusion of time

Cannes, en mai 2002, et sa polémique, n'aura retenu que la supposée crasse et la nausée, ta provocation un brin adolescente, et ses quelques bien pensants endimanchés qui ont feint l'indignation et...

le 19 juin 2017

90 j'aime

5

Irréversible
MauriceLapon
10

Un beau film génital

Bonjour! L'histoire du film est: des bonhommes se bagarrent dans une salle de fêtes homosexualiste (un des bonhommes = le bonhomme Yves-Saint-Laurent!). Ensuite une vieille femme (elle est...

le 8 févr. 2013

89 j'aime

4

Irréversible
Pravda
5

Critique de Irréversible par Pravda

En lançant Irréversible, je pensais en ressortir, comme 90% des gens, avec un avis tranché : "j'ai adoré" ou "quelle horreur/navet"... Mais non. Ni l'un ni l'autre... Je trouve d'énormes défauts à...

le 7 janv. 2013

89 j'aime

12

Du même critique

Old Boy
GrenKopun
10

Rire.

Le cinéma sud-coréen a quelque chose d'assez fascinant. Il faut bien avouer que dès les premières minutes d'un de leurs films, je me sens déjà dépaysé. Dans cette région du monde, les codes de...

le 4 sept. 2015

8 j'aime

3

Only God Forgives
GrenKopun
8

Rouge.

Qu'est ce que l'Art ? Pour certains philosophes, l'Art, c'est lorsqu'il y a un groupe de réflexion qui se forme autour d'une œuvre. En ce sens, on peut largement dire que Only God Forgives en est,...

le 16 févr. 2015

8 j'aime

2

The Cell
GrenKopun
7

Une excellente surprise pour les amateurs de série B qui ont du cœur.

Bon, déjà, l'affiche m'a menti, ça commence mal. On nous montre une J-Lo en petite tenue moulante et une esthétique visiblement assez orientale mais en fait non (Remboursé !!!). Jennifer Lopez, quant...

le 14 sept. 2014

7 j'aime

1