JF partagerait appartement par Zogarok

Auteur au début de sa carrière d'un Maîtresse où Big Gégé est initié au sadomasochisme, Barbet Schroeder est connu pour Barfly et Le mystère Von Bulow lorsqu'il présente, en 1992, Single White Female. Ce récit d'une colocation perverse rencontre un vif succès à l'époque mais sera quelque peu oublié par la suite. Dans les années à venir, Schroeder récidivera dans le genre, avec moins de succès, redevenant ponctuellement visible par le grand public grâce à la présence de Sandra Bullock dans ses Calculs meurtriers en 2002.

Le scénario est sans surprise majeure, l'intérêt étant plutôt du côté de la construction. La paranoia d'Allison Jones est multiple, le viol de son intimité est complet. Sa rencontre toxique intervient d'ailleurs au moment où elle s'envole professionnellement. Ses repères domestiques sont chahutés en même temps que ses masques. La mise en scène est au diapason de cette perte de confiance et d'ancrage. Le building où se situe l'appartement prend des allures de labyrinthe, les quelques scènes en extérieur présentent des mondes à la fois étouffants et plein d'opportunités pour qui sait s'y prendre.

C'est le cas d'Allison, dont le masque est opérationnel au travail en premier lieu. Son amie et groupie Hedra envie ce conformisme conquérant. Sur ce point le développement est contrarié, les profils psychologiques étant relativement faibles au-delà des grandes lignes. Barbet Schroeder instrumentalise des archétypes vulgaires avec un certain génie, mais il reste limité par ceux-ci – d'ailleurs la facilité l'emportera à l'issue. Régulièrement ces impasses se font sentir mais les motifs en jeu et l'ambiance rendent l'affaire toujours plaisante. Schroeder crée la tension en gérant habilement le lot de fatalités triviales et d'effusions grandiloquentes. Il laisse un thriller efficace, harmonieux, soutenu par un squelette de grand film névropathe.

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