Dans la verdoyante campagne anglaise du 18e Siècle,Jane,fille d'un pasteur désargenté,est promise au neveu de la châtelaine locale,ce qui doit sauver sa famille de la banqueroute.Mais la jeune femme,rebelle et têtue,rejette ce mariage arrangé.Par contre,quand Tom Lefroy,un ami de son frère,se pointe dans les parages,la belle en tombe illico amoureuse,et réciproquement.Mais ce n'est pas gagné car Tom,avocat londonien débauché,n'est pas plus garni financièrement que sa conquête.Jane,férue de littérature,consigne son histoire par écrit.Car Jane,c'est Jane Austen,célèbre romancière et auteur de quelques classiques de la littérature british,qui mourra à 41 ans.Son oeuvre a très souvent été adaptée par le cinéma anglais mais les promoteurs du film ont cru trouver un biais en faisant un biopic de l'écrivain.Cru seulement car les bouquins d'Austen sont très largement autobiographiques,ces faits réels,quoique romancés,ressemblant finalement fort à ses fictions déjà portées à l'écran,et en mieux.On pense notamment beaucoup à "Orgueil et préjugés",son livre le plus célèbre et le plus adapté au ciné,qu'elle est d'ailleurs en train d'écrire pendant le film.C'est donc reparti pour une bonne ration de bals guindés,de diligences dans la boue,de promenades dans la forêt,d'animaux de la ferme,de familles nombreuses à entretenir,de mentalités rigides,de redingotes,de chapeaux hauts-de-forme,de maquignonnage de filles et de tractations sordides.Mais Julian Jarrold,bon réalisateur du ciné anglais contemporain,ne parvient guère à rendre emballante une histoire beaucoup trop vue.Il manque la vivacité et l'étincelle qui auraient permis au film de décoller.On retrouve cependant les thématiques chères à Austen,la prédominance de l'argent dans la société britannique,le système de castes,la quasi prostitution des filles que leurs parents impécunieux proposent à l'encan,l'opposition entre mariage d'amour et mariage de raison.Et puis bien sûr le féminisme,car Jane est une suffragette d'avant-garde qui met en exergue la condition inférieure des femmes,soumises à l'homme et dépendantes de lui.Comme ses héroïnes,la romancière fut de celles qui eurent le cran de s'opposer au système corseté de l'époque et oeuvrèrent afin de faire évoluer les mentalités.Mais ne jetons pas la pierre à ces gens.C'était une autre époque,les temps étaient durs et le principe de réalité pressant.On remarque cependant une différence entre la vie de l'écrivain et ses romans,la fin optimiste.Pas de happy-end pour Jane et ses histoires d'amour,mais elle s'attachera à donner des conclusions heureuses à ses livres.La raison qu'en donne le film est que c'était plus indiqué commercialement,les lecteurs,et surtout les lectrices,préférant rêver que d'être confrontés à de sombres drames.Quant au ton du film,il oscille entre de brillants échanges verbaux et de l'humour trop appuyé au début pour glisser progressivement vers une noirceur mélodramatique,ce qui ne contribue pas à l'homogénéité de l'ensemble.Anne Hathaway,divine,porte le film avec son naturel,son jeu précis et son charme ravageur.James McAvoy,pas toujours au top,est ici très bon en bad boy de la bonne société touché par la grâce de l'amour,et ses airs effarés face aux moeurs campagnardes valent le coup d'oeil.La galerie de seconds rôles est de qualité,et on y distingue des vétérans blanchis sous le harnais comme Maggie Smith ou James Cromwell.