Après American Beauty et Les Sentiers de la Perdition, Sam Mendes s'attaque au film de guerre. Mais pas n'importe laquelle et pas de n'importe quelle façon. Le réalisateur américain s'intéresse donc à la Guerre du Golfe et ce depuis le point de vue d'un jeune soldat fraichement enrôlé qui, loin de chez lui et accompagné d'une bande de truffions de son gabarit, va subir un entrainement dur mêlant joies et souffrances pour une guerre que tous attendent de pied ferme. Mais la guerre c'est loin et l'ennui gagne rapidement le camp d'entrainement...
Ainsi, plutôt que de livrer un simple film avec du boum-boum partout, Mendes préfère se baser sur l'excellent Full Metal Jacket de Kubrick (auquel il emprunte même la scène d'introduction) et nous livre un long-métrage passionnant où l'on contemple à travers les yeux de Swofford (Jake Gyllenhaal, parfait) un nouveau monde, un monde plein de clichés mais qui s'avère pourtant vrai : les bidasses sont des cons qui jurent, font constamment la fête, comparent leurs bites et en prennent plein la gueule par leurs supérieurs autoritaires mais néanmoins plutôt cool quand il faut (tous les sergents-instructeurs ne sont pas des peaux de vaches comme le Sergent Hartman).
Comme leurs aînés au Vietnam, Ils attendent la baston, ils attendent de tirer leur coup, de tuer, de faire leur devoir pour leur pays. Sauf que la guerre est beaucoup plus stratégique qu'il n'y parait. Reflétant naturellement la guerre en Irak, aux motivations américaines similaires (le pétrole ! le pétrole ! le pétrole !), Jarhead ne pointe pourtant pas vraiment du doigt, il se contente de montrer, de décrire le quotidien de ces soldats désabusés par une guerre où ils ne sont au final qu'eux-mêmes spectateurs, mais sur le terrain. Des machines à tuer qui ne tuent pas. Des soldats qui s'entrainent sur du vide.
Des jeunes arrachés à leur maison, à leurs amis, à leurs copines lassées d'attendre le retour incertain de leurs mecs, balancés à l'autre bout du monde sans réellement comprendre pourquoi. Film imposant baigné dans un style épuré, sobre, soigneux, mené par un metteur en scène poétique et une ribambelle d'acteurs époustouflants, Jarhead est une œuvre puissante qui se range automatiquement parmi les meilleurs films de guerre.