Alors que Jason Bourne, le cœur sur la main, distribue tranquillement des patates en frontière grec, laissant enfin son passé traumatisant derrière lui, Nicky Parsons - la blondasse qui transpire d'amour pour lui depuis trois films - revient à la charge parce qu'elle sait plus trop quoi faire de sa vie sans son aimé. Du coup, trouvant un prétexte assez bancal pour le revoir du genre "heu... c'est en rapport avec ton passé... un truc pas cool... il faut que tu saches... enfin je pense... un bisou ?", la greluche réveille la Cantine des Individus Abrutis (la CIA), qui repère Bourne entre deux pauses clopes, alors qu'elle avait presque oublié jusqu'à son existence. La poisse.


De rage, notre héros jette un cocktail molotov par terre, fait la gueule et pique une moto pour faire une balade. En pleine émeute la balade hein, sinon c'est pas drôle. Et si on peut trouver cette séquence chaotique plutôt bien foutue et intense, Paul Greengrass balance son savoir-faire mécaniquement, sans réel génie. Efficace, mais pas sensationnel. D'ailleurs, de toutes les scènes spectaculaires que regorgent Jason Bourne (et y'en a pas des tas), aucune n'est aussi viscérale que la poursuite de La mort dans la peau, ou l'affrontement mano-a-mano de La vengeance dans la peau. Hélas, trois fois hélas...


Cependant, cette réussite en demi-teinte n'est pas seulement dû à la technique un peu paresseuse de Greengrass. Peut-être aussi faut-il voir du côté du personnage de Matt Damon, puisque Jason Bourne est tout simplement devenu un cyborg imbattable, antipathique et quasi muet (même Bernardo, le pote esclave de Zorro, a plus de texte que lui). Si bien que la mélancolie qu'il devrait se dégager de la scène d'intro à Athènes laisse totalement de marbre.


La trilogie de base montrait un Bourne un brin attachant quand il s'agissait de protéger quelqu'un, qui en prenait carrément plein la gueule et finissait tellement en sale état qu'on pensait qu'il allait crever à chaque nouvelle transition. Là, le mec étale des brutes en deux-deux, n'a strictement rien ni personne à défendre et ouvre seulement la bouche pour sa quête de réponse limite ennuyante. C'est un brin dommage... même s'il faut bien reconnaître que revoir Damon dégommer du bétail fait toujours son petit effet.


En plus de ça, les symboles utilisés par le film pour afficher sa "mise à jour" et coller avec l'actualité sont assez poussifs. La cartouche Snowden est dégainée par deux fois - mais sans vraiment parvenir à profiter de ses conséquences - et le "débat" de l'Internet libéré délivré n'est là que pour respecter le caractère ambivalent de la franchise. C'est absolument inutile, sans aucune réflexion, n'apportant strictement rien : ils posent des bases simplistes pour ensuite passer à l'action.


Heureusement, tout n'est pas à jeter ! Déjà parce que, oui, Matt Damon a toujours Jason Bourne dans la peau, il est tout bonnement impeccable, et parce que oui, Paul Greengrass, malgré une petite perte de vitesse, reste largement au-dessus de certains faiseurs "d'action" actuel. Et en terme de nouveauté, on est particulièrement charmé par Alicia Vikander, aussi bien par l'actrice elle-même que son personnage, énigmatique et insolent, qui reste le plus travaillé du film. Tout comme le soin apporté au tueur à la solde de la CIA, l'Atout (Vincent Cassel, toujours aussi flippant). Pour une fois, le Némésis de Bourne a un fond, certes bateau et peu creusé, mais suffisant pour installer un petit virus dans l'esprit : qui est vraiment bon ? Ou mauvais ? Ou même un traître ?


Car en voyant Jason Bourne s'acharner bien trop brutalement dans un Mad Max : Fury Vegas envers ce tueur qui obéit aux ordres d'un gouvernement pourri que lui-même combat, on s'interroge sur l'utilité de ce moment certes impressionnant, mais dénué de crédibilité.


POUR LES FLEMMARDS : Cyborg Bourne tape du vilain dans des séquences efficaces mais sans génie ni originalité, effleurant à peine les conséquences post-Snowden et le libre internet. Banal.


--http://wp.me/p4pTtj-43j--

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le 10 août 2016

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