Quand on voit Jason Bourne, on comprend pourquoi Hollywood multiplie les remake de tout. Parce que ce Jason Bourne version 2016 n'a qu'une lointaine parenté avec le premier opus de la saga en 2002 et carrément rien à voir (à part le nom du personnage) avec la saga de Robert Ludlum. Pourtant il reprend les codes de la série et les remixe à la sauce à la mode histoire de plaire à un jeune public qui n'a pas envie de se fader les vieux films de la décennie précédente et encore moins les bouquins d'un auteur mort qui parle de guerre froide et d'un terroriste dénommé Carlos que tout le monde a oublié depuis longtemps. Oui, le remake sauce 2016 (et le prochain Ben Hur ne le démentira certainement pas), c'est faire du neuf et du clinquant avec du vieux et du respectable, mais c'est aussi privilégier la forme sur le fonds en noyant la fadeur des personnages sous un déluge d'effets visuels et stylistiques et si possible (mais là non) de la 3D.


Quand je dis une lointaine parenté avec les oeuvres précédentes, pour ce Jason Bourne, c'est plus subtil. On dirait que pour fabriquer son dernier produit, Paul Greengrass a librement pioché dans les bons moments des trois précédents épisodes, certaines scène (la poursuite en bagnole finale notamment) ressemblant à s'y méprendre à celles tirées d'autres épisodes de la franchise (la poursuite en bagnole dans Moscou de l'épisode 2). Au niveau des personnages, c'est pareil, très prévisible. On prend les mêmes et on recommence. Comme toujours un directeur de la CIA complètement pourri, secondé par un tueur sans âme, sans pitié et sans profondeur (Vincent Cassel). Une femme carriériste qui finit par douter des motivations de Jason, se disant qu'il ne peut pas être aussi méchant que le directeur de la CIA le prétend et qui va jusqu'à trahir son camp pour faire triompher la justice (et Jason Bourne) : je ne vais pas vous faire un tableau croisé mais on retrouve ce trio dans tous les autres épisodes de la saga.


Il y a aussi (mais ça commence à devenir une habitude dans les films d'action made in USA) des failles scénaristiques et des raccourcis (l'identification du hacker, un grand moment) et un prétexte au film (ce fameux attentat de Beyrout) qui rendent le spectacle difficilement supportable pour un spectateur de plus de 12 ans. A trop vouloir privilégier l'action et la succession de scènes choc, on finit par perdre de vue l'essentiel : un bon film repose avant tout sur une bonne histoire. Ici, point de bonne histoire, tout est vu et revu, sans la moindre originalité.


Mais outre cette galerie de personnages très convenue et ce scénario risible, ce qui m'a vraiment gêné, même si c'est dans l'air du temps, c'est le montage épileptique : quasi que des plans serrés, dont pas un ne dépasse les cinq secondes, avec une musique de fonds omniprésente (pour masquer la vacuité des dialogues, peut-être). On se croirait dans un trailer, un clip, bref, le spectateur est soumis à un déferlement d'images difficiles à interpréter (pour masquer les failles du script peut-être) et finalement, il perd le fil et choisit de subir tout cela en attendant le générique de fin salvateur.


Vous l'aurez compris, ce film a tout du produit formaté, il n'a plus rien à voir avec l'essence même de la saga et ne mérite même pas le quart d'heure que je viens de passer à en écrire la critique.

rivax
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le 30 août 2016

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rivax

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