Voulant réparer sa débâcle orchestrée avec le quatrième opus/spin-off qu’était Jason Bourne : l’Héritage et en attendant une suite, il faut bien le dire, pas spécialement attendue, Universal a voulu corriger le tir. Pour cela, malgré ses ambitions, le studio a accepté le retour de Matt Damon dans le rôle-titre ainsi que celui de Paul Greengrass (La Mort et La Vengeance dans la Peau) derrière la caméra. Histoire de satisfaire les fans, de revenir aux racines de la franchise pour assurer son but lucratif et de continuer la franchise sur une bonne lancée. Et nous, en tant que spectateurs, nous ne pouvons qu’apprécier ce juste retour des choses ! Car même si l’entreprise sent le commercial à plein nez, nous ne pouvons que nous réjouir de pouvoir plonger à nouveau dans ce qui se présente encore comme l’une des meilleures sagas d’espionnage/action (la trilogie initiale est vraiment fabuleuse !). Encore fallait-il que le projet puisse tenir ses promesses. Vous allez voir que, même avec le minimum syndical, ce Jason Bourne vaut à son tour diablement le coup en cet été 2016 plus que décevant.


Si je parle de minimum syndical, c’est que Paul Greengrass et son équipe ne se sont pas spécialement foulés pour nous mettre sur pieds ce cinquième épisode, ne le cachons pas ! C’est d’ailleurs là que provient le gros défaut de ce film. En effet, au lieu de chercher à innover, Jason Bourne reprend sans vergogne le squelette narratif de ses aînés. Ce qui inclut une ou plusieurs courses-poursuites endiablées, un face-à-face avec un autre tueur aussi expérimenté, des séquences dits de piège que Jason Bourne retourne toujours à son avantage (ayant à chaque fois un coup d’avance), un personnage idéaliste tentant de connaître la vérité sur le héros et par la même occasion de le disculper, un autre voulant à tout prix le faire tomber pour sauver sa place et sa vision du monde… bref, on voyage clairement en terrain connu, ce qui peut provoquer au cours du visionnage une certaine monotonie. D’autant plus qu’ici, le passé de Bourne n’a le droit qu’à un petit « bonus » pour justifier son retour au profit d’une histoire parallèle bien plus intéressante (sur l’espionnage et la communication), afin d’ancrer le personnage dans notre époque (ajoutant en prime de cela un passage de manifestation en Grèce pour parler de la situation du pays et de la crise dans le monde). Mais franchement, même avec ce défaut, le spectacle est grandement garanti !


Car avoir à la réalisation le nom de Paul Greengrass, cela assure déjà pas mal de qualité. Et c’est le cas ! Après le film paresseux et invraisemblable de Tony Gilroy, on retrouve ici la nervosité pure et dure du géniteur de Vol 93 et Capitaine Phillips qui avait fait le charme des deuxième et troisième opus. Ce montage de visu anarchique et pourtant si minutieux rendant haletant la moindre séquence de parlote (comme quand l’action se déroule dans une salle de contrôle de la CIA, alors que des personnes ne font que chercher des informations sur des écrans d’ordinateur), transfigurant la moindre montée d'action, répond à nouveau présent. Les scènes d’action sont menées tambour battant et se révèlent même extrêmement spectaculaires pour la plupart, que ce soit la course-poursuite en pleine manifestation (on se croirait en plein apocalypse) ou bien celle à Las Vegas (presque aussi démente que l’excellent passage à Moscou de La Mort dans la Peau). En clair, on retrouve l’incroyable rythme de la trilogie, son panache, son efficacité. Et du coup, nous ne pouvons que passer un agréable moment devant ce divertissement d’action réalisé avec un très grand savoir-faire.


Et quel plaisir de retrouver ce cher Matt Damon, qui confirme être Jason Bourne à jamais ! Si le comédien a pris de la bouteille depuis La Mémoire dans la Peau (14 ans, déjà…), il se donne toujours à fond dans ce rôle, lui fait honneur en s’impliquant dans la majorité de ses cascades, et lui donne toute l’humanité à ce personnage semblable à un super-héros invulnérable. Il est vrai qu’à force, avoir un tel protagoniste peut lasser à la longue, le spectateur sachant que rien ne peut lui arriver (apparemment). Et justement, Greengrass et son équipe ont eu l’intelligence de mettre en avant de nouveaux personnages sans faire de l’ombre à leur héros. Pour cela, ils ont choisi d’excellents comédiens qui ne font que confirmer leur talent (Tommy Lee Jones), leur aura à juste titre (Alicia Vikander) et leur réussite à s’approprier bien des rôles (Vincent Cassel). Matt Damon est superbement entouré, lui-même fait le taff comme il se doit… Que demander de plus, franchement ?


Certes, ne le cachons pas : la trilogie initiale passe une fois encore devant. Mais ce Jason Bourne vaut également le détour, à défaut de renouveler la franchise. Film d’action spectaculaire, techniquement maîtrisé et proposant du haut de gamme dans un Hollywood qui ne se contente que de tape-à-l’œil pour plus cher et moins percutant, ce cinquième opus rempli avec aisance son cahier des charges et permet à la saga de renouer avec le succès. Cette dernière devrait d’ailleurs connaître d’autres suites. Et honnêtement, si Matt Damon et Paul Greengrass sont toujours de la partie, je ne demande que cela ! À condition bien évidemment qu’ils amènent le tout vers d’autres horizons, histoire d’innover un peu. Sinon, pas sûr que le public suive de près une série qui ne fera que se répéter à l’usure.

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le 20 août 2016

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