Jean Renault,comédien ringard au chômage,n'a d'autre choix pour gagner un peu d'oseille que d'accepter de jouer le rôle d'un cadavre dans la reconstitution judiciaire d'un crime.Mais le type est ingérable et va s'immiscer dans l'enquête.L'idée de départ est assez amusante,même si chacun sait qu'on n'emploie pas des acteurs professionnels pour ce genre de job,le mort étant plutôt personnifié par des policiers.C'est du moins à espérer car il s'agirait d'un scandaleux gaspillage d'argent public.Mais on n'est pas à ça près dans notre riche pays où les caisses de l'Etat débordent de monnaie sonnante et trébuchante,ce que vient confirmer le pool de production du film,qui réunit France 3 et la région Rhône-Alpes,spécialisée dans le financement de navets immondes.On a aussi pour compléter la joyeuse bande de malfaiteurs la RTBF et la région Wallonie,car il s'agit d'une coprod franco-belge et qu'on ne voit pas pourquoi fonctionnaires et politiciens d'Outre-Quiévrain seraient plus malins et plus respectueux des deniers publics que leurs homologues hexagonaux.Cerise sur le waterzoï,sont également présents les frères Dardenne,dont on se demande vraiment ce qu'ils foutent là,vu que ce film n'a strictement rien à voir avec le cinéma noir et social qui est leur marque de fabrique.Autre mauvaise nouvelle,c'est le funeste Jean-Mol Salopé qui tient le stylo et la caméra.Cécile Telerman est coscénariste et,quand on a vu ses films,ça n'a rien de rassurant.De fait,à partir d'un argument de base prometteur,ces braves gens nous servent au final une infâme daube."Je fais le mort" est un mélange de comédie et de polar qui échoue sur les deux tableaux.L'humour fonctionne sporadiquement,notamment dans les scènes de reconstitution des meurtres,plutôt drôles,mais le reste du temps c'est totalement sinistre.Le running gag à propos du nom du héros,Jean Renault-Jean Reno,suffit à indiquer le niveau de poilade.Quant au côté polar,il se vautre dans une intrigue d'une atroce indigence,à la fois confuse,prévisible et moraliste,car les victimes,la famille de gros bonnets locaux,sont en fait des salauds,des escrocs,des abuseurs sexuels et même,quand on aime on ne compte pas,des assassins d'enfants.Ils méritent donc bien ce qui leur est arrivé.La réalisation est indigne d'un épisode de "Demain nous appartient".C'est terne,c'est mou,c'est lent,c'est statique,ça donne surtout l'impression que Salomé et sa clique ont monté le projet pour pouvoir passer quelques semaines à Megève aux frais du contribuable,ce qui est une façon astucieuse de s'offrir des vacances tout en étant bien payé.Heureusement,les paysages de montagne,même mal filmés,restent magnifiques.La seule raison éventuelle de s'infliger ce pensum est la présence en vedette de François Damiens,qui est énorme dans un de ces numéros de crétins à grandes gueules qu'il affectionne.On l'a beaucoup vu dans ce registre,mais il le tient bien.Les auteurs l'ont du reste compris,ce qui les a conduit à sacrifier les autres protagonistes.Géraldine Nakache,en juge d'instruction psychorigide,fait front vaillamment mais peine à faire exister un personnage décidément trop mal écrit.Lucien Jean-Baptiste,qui retrouve les sports d'hiver cinq ans après "La première étoile",campe solidement le gendarme enquêteur,alors que Corentin Lobet,avec son incroyable tronche de taré,est une vraie révélation en faux coupable accommodant.Signalons le détestable parfum de démagogie et d'auto-satisfaction corporatiste qui se dégage d'un script suggérant,mine de rien,qu'un comédien ayant joué dans des séries policières est nettement plus apte à résoudre une affaire que les juges et les gendarmes dont c'est le métier.Thomas Bidegain apparait quelque part au générique,sans qu'on sache trop à quel titre,mais il semble surtout être venu là pour faire son marché en prévision de son premier long,"Les cowboys",qu'il tournera deux ans plus tard.En effet,son film se passe dans le milieu des fans de musique country et d'Ouest américain,qui sert également de cadre à quelques scènes de "Je fais le mort"et il embauchera Damiens comme acteur principal .

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le 14 mars 2018

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