Comme premier long métrage, Jésus permet à son jeune réalisateur, Hiroshi Okuyama, de rassembler ses influences en une forme aboutie quoiqu’un peu trop chargée dans son esthétisation de la vie quotidienne : on pense au cinéma de Xavier Dolan, à celui de Hirokazu Kore-eda aussi, assaisonnés d’un soupçon de comique improbable avec son Christ en miniature qui ne tient pas en place et fait office de tête de lecture pour le tourne-disque cassé. Il signe une œuvre originale qui réussit à tenir ensemble ce qui d’habitude n’adhère pas : la mélancolie d’une amitié blessée, le drame social sur fond de différence de classes, le burlesque déjanté, l’initiation d’un jeune garçon au christianisme. Une fois le cadre scolaire et rigoriste posé, le réalisateur s’amuse à le faire imploser : la classe devient un observatoire à étoiles filantes puis un cimetière en puissance, la cour de récréation se mue en poulailler et terrain de football. L’amitié des deux élèves paraît remodeler l’espace, le percer de trous à la manière des paravents et de leur papier que le grand-père aimait tant traverser du doigt.


Car c’est d’amitié que parle Jésus, de ce sentiment si fort qui unit deux êtres au point d’aller au-delà du visible, de percer les cloisons pour accéder à l’au-delà. La foi prévaut sur le symbole : l’essentiel est de se retrouver là-bas, plus tard, et d’être réunis pour toujours. Le Christ, pendant ce temps, peut bien surgir d’un coup de baguette magique et se mettre à danser ou à courir en soulevant son vêtement ; c’est un histrion, il amuse la galerie.

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le 20 oct. 2020

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