Jodorowsky's Dune c'est le genre de film que je trouve intéressant, plus que je le trouve bon. Disons qu'en sortant de là j'ai surtout envie de voir le film, qu'il se concrétise d'une façon ou d'une autre (sous la forme d'un film d'animation éventuellement). Parce que bon on ne va pas se mentir le projet donne vraiment envie, notamment pour tout le beau monde qui devait y participer. (Alors c'est bien que le film prenne le temps de montrer que l'on peut se consoler avec les BD de Jodorowsky, même si j'avais commencé avant l'Incal que je trouvais sympa, mais sans être non plus abasourdi).
J'aime aussi l'idée de raconter le processus créatif d'un film réellement ambitieux, parce que autant les making off sur le plateau ça ne m'intéresse pas trop, mais ici on fait vraiment la part belle à comment les grands esprits se rencontrent, comment ils travaillent ensemble... même si techniquement ça relève plus de l'anecdote qu'autre chose.
Mais chaque nouvelle rencontre fait saliver... Enfin pas Amanda Lear... mais si c'était le prix à payer pour avoir Dali...
Finalement je n'ai pas grand chose à dire, j'ai envie de dire parce que le film ne propose pas non plus grand chose à part venir s'émerveiller sur le projet qui a l'air absolument fou et se rendre compte que malgré tout il aura été extrêmement influent sur le cinéma (Spielberg qui vole ses plans iconiques à Jodo...). Quelque part, pour ce film, ça suffit, parce que le projet était tellement ambitieux et c'est présenté de manière à donner tellement envie, tout en étant assez divertissant, peut-être trop d'ailleurs pour rentrer vraiment dans le fond des choses, que ça passe très bien.
Cependant je dois avouer que ce côté très unilatéral des choses, cette vision quasiment manichéenne d'Hollywood (alors attention, je suis le premier à cracher sur Hollywood) disons que j'ai des réserves, parce qu'on n'a qu'un seul point de vue présenté. J'aurai aimé avoir le point de vue des mecs à Hollywood qui ont dit non (alors sans doute ils ne veulent pas venir dire : "non on a refusé ça, mais on regrette maintenant, mais c'est juste qu'on était des petites bites"), ou de gens qui ne croyaient pas dans le projet... J'ai vraiment du mal avec la déification de Jodorowsky, du projet, etc. J'ai besoin de contraste.
D'ailleurs, rien à voir, mais dans Grizzly Man, le fait d'avoir des avis négatifs sur ce gars provoquait comme réaction l'envie de l'aimer encore plus, parce qu'il était incompris, on le sentait. Là je n'ai pas retrouvé ça, j'ai des gens, très talentueux, des gens que j'adore, mais qui sont quand même tous là entrain de s'autosucer...
Alors je ne sais pas si certains ont été touché, ému par ce film, mais moi j'ai besoin de ça pour vraiment aimer un film, aussi intéressant qu'il puisse être et autant il a pu m'emballer pour le projet (et autant j'ai envie de lire Dune, de voir les BD de Moebius et de Jodo), j'ai pas été touché, j'ai trouvé ça trop mécanique, limite comme un road movie que l'on raconterait, on va à un endroit on rencontre quelqu'un d'extraordinaire, tout ce beau monde va dans un autre endroit pour vivre encore une autre scène extraordinaire...
Et bien que ça soit sympa, je ne comprends que l'on s'extasie devant le documentaire... à moins que ça soit juste une manière de montrer que l'on s'extasie sur le projet initial ?