Boogeyman, Boogeyman, qui es tu vraiment !

Et si nous parlions un peu de John Wick ce soir, au lieu de subir la déprime du Dimanche soir.
Saga à mon sens tristement mésestimée, quand le premier épisode est arrivé, je dois avouer que ce fut une très bonne surprise. Je m'attendais à un film stupide et mal foutu à la Taken et j'ai eu droit à un film avec une vraie identité, qui prend le temps d'iconiser son héros aussi bien dans le montage, qu'à travers le regard des protagonistes ce qui fait comprendre au spectateur le carnage qui va suivre. Les combats très stylisés, les mises à mort de John d'une classe sans nom, et l'écriture de son personnage étaient intéressantes, comme si au moment de revêtir son costume, il reprenait le fardeau d'une vie qu'il pensait derrière lui. Et puis il y avait également, cet hôtel continental, zone blanche, avec ses règles, ses employés neutres dans un monde un peu à part qui offraient quelque chose qu'on a pas souvent l'habitude dans le film d'action, mais plutôt dans le registre du super héros.
Cependant John Wick premier du nom s'il n'était pas stupide, était parfois un peu débile avec ces clichés qu'on n'a pas pu évité, ( le bad guy qui capture le héros mais préfère échanger avec lui plutôt que de l'éliminer directement ) rattrapé sans doute par un hommage aux James Bond un peu foireux du coup, et certaines scènes étaient inégales.


3 ans plus tard, je pense que l'équipe du film a dû regarder en boucle ce qui fonctionnait dans le premier, ce qui était con, et chose rare dans l'histoire des suites au cinéma ont gommé tous les éléments plus faibles et dynamiser sa force.
John Wick était un premier jet, frais, insolent et imparfait, son petit frère est implacable, dans sa scène d'ouverture, il écrase visuellement, dans le montage, le rythme le final du précédent opus, le ton est donné, ça va claquer, cramponnez vous aux sièges.


Et ça ne va pas seulement être barbare ou violent mais une pluie d'hommages méta et assumés va s'abattre sur nous. Jouant avec ses couleurs esthétisantes qui ont toujours du sens, le film est maîtrisé de bout en bout, les informations qui font la légende de John ( crayon ) seront utilisés avec Brio. Le film s'enchaîne comme un jeu vidéo survitaminé dans lequel John dégomme des PNJ à la chaîne toujours avec une maîtrise des émotions et une dextérité dans le maniement des armes qui ne font que renforcer le côté quasi divin du personnage. Jeu vidéo aussi, parce que notre héros semble avoir une barre de vie qui se remet d'aplomb selon les soins prodigués, jeu vidéo enfin parce que je ne peux croire Stahelski ne regardait pas Scott Pilgrim en écriant le film, tous ces profils dans le monde entier avec leur propre skill qui viendront à la poursuite de John.


Mais John Wick 2, va plus loin que ça, son côté méta se rapproche davantage d'un Last Action hero qui prend le symbole de son acteur pour s'en amuser et y lire un second niveau de lecture. Laurence Fishburne qui rencontre Keanu Reeves pourrait très bien être l'une des réalités établies dans le premier Matrix dans lequel Neo en plus d'être un magnifique clin d'oeil à Jim Jarmush et son génial Ghost Dog.


Je comprends que de prime abord, on puisse juger John Wick et le mettre dans une catégorie du blockbuster bête et méchant, qui se contente de défoncer des mecs pendant deux heures, ce serait le sous estimer. Le film regorge de très belles trouvailles visuelles sans délaisser son fond, et de plus on peut y lire un amour inconditionnel pour le cinéma de Michael Mann et sa façon de filmer la nuit et les scènes d'actions, deux hommages très appuyés principalement sur Collateral à voir et revoir. La scène dans la boite de nuit du premier volet, et celle du train dans le second sont des références évidentes et vous donneront l'occasion d'aller voir un autre très bon film si vous ne le connaissez pas.


J'aime John Wick pour toutes ces raisons, parce qu'il a sa propre mythologie qu'il développe avec soin, que le film transpire l'amour pour le cinéma, Wright, Welles, Mann, Refn et surtout ne se moque jamais de son spectateur. Brutal, frai, d'une beauté à couper le souffle, John Wick 2 est touché par la grâce du film d'action dans un condensé de lumière tantôt bleuté ou rougeâtre selon son humeur qui mérite qu'on s'y intéresse, parce que croyez moi, il le mérite.

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le 4 févr. 2018

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