Échappatoire audacieuse de DC Comics de proposer (enfin ?) quelque chose de sombre et de cinématographique à son univers jusque là édulcoré par Warner, le projet Joker arrive en trombe pour mettre un gros coup de pied dans les valseuses. Annoncé comme une adaptation du très glauque roman graphique "JoKeR" de Brian Azzarello et Lee Bermejo, ce stand-alone movie n'en est finalement rien et s'apparente plus à une relecture inédite des origines du plus célèbres ennemi de Batman comme celles-ci furent maintes et maintes fois ré-imaginées sur papier.


Le plus surprenant en regardant le film, c'est de constater qu'outre son passé de réalisateur comique bon marché (la trilogie Very Bad Trip), Todd Phillips est avant tout un cinéaste qui connait ses classiques et propose ici un long-métrage tragique, désespéré, presque nihiliste, qui s'accapare l'univers de Gotham City pour en délivrer un produit aussi original qu'inspiré. N'allons tout de même pas crier au génie, l'intrigue ressemblant fortement à La Valse des Pantins de Scorsese, ici producteur, autant sur de gros passages forcés (coucou Robert De Niro) que dans des séquences plus subtiles.


Nanti d'une photographie impeccable, d'une direction artistique bluffante et d'un sens du cadrage recherché, nous ramenant dans ce qui pourrait ressembler de près au New-York mal famé des années 80, le film est d'une justesse inouïe, véritable descente aux enfers d'un pauvre type qui ferait passer Pierre Richard pour un gagnant de loterie. Joaquin Phoenix, habité, sert à merveille ce personnage aussi ambigu que déstabilisant, riant malgré lui maladivement, méprisé par une société décadente en lien direct avec celle de notre époque. Commode porte le film sur ses épaules et nous garantie un show parfois too much mais à chaque séquence jubilatoire.


On pourrait pinailler sur certaines facilités scénaristiques (le sont-elles vraiment ?) quant aux connections avec le futur Caped Crusader mais dans son ensemble, Joker nous coupe l'herbe sous le pied de par sa radicalité tranchant avec une finesse dramatique rare dans ce type de productions, à des années lumières des héros en collant tout en CGI. Violent, sanglant, inattendu, politique, presque dérangeant, un grand film qui arrive avec brio à se détacher des Super Hero Movies qui phagocytent nos écrans. Pari réussi.

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le 11 oct. 2019

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