The Outlaw Josey Wales offre à Clint Eastwood l’occasion de prouver son talent de metteur en scène par une série d’innovations formelles réjouissantes, depuis ses plans décadrés lors du choc initial qu’emboîte les uns dans les autres un montage au scalpel renvoyant une série de flashs traumatiques, jusqu’à cette liberté tonale qui permet au cinéaste d’enchaîner les pantalonnades rustiques et la cruauté la plus primitive. Et s’il réussit ce savant mélange, c’est au nom d’un amour porté aux acteurs, pour lesquels il compose des personnages singuliers et attachants, à commencer par ce chef indien malicieux ou cette vieille femme incapable de garder pour elle ce qu’elle a sur le cœur. Le long métrage est à l’image de son protagoniste principal : outlaw par excellence, il se saisit d’une représentation du western sans foi ni loi – on est loin des films où les villageois pouvaient compter sur le shérif et ses adjoints, ainsi que sur la dévotion d’une poignée de braves – pour révéler, par les trous que les balles percent dans les corps, des fragments d’humanité enfouis sous les carapaces. Un grand film, tout à la fois aride et chaleureux.