Jour de fête par Mamie Barrière
Le film s’entame sur l’arrivée de forains dans le village, un premier gag intervient, on comprend vite l’importance du son, on croit entendre les chevaux de la charrette de forains hennirent, nous comprenons seulement après que ce sont les chevaux du champ en arrière-plan. L’arrivée dans ce petit village de campagne, nous confronte tout de suite à une convivialité, fraternité des villageois.
Après ces festivités, François le personnage principal, essaye de faire une « tournée à l’américaine », très rapide. Seulement il finit par tomber, et choisit d’aider des fermiers avec leur moisson. La morale intervient vite, on comprend le refus de l’américanisation face à une France de moins en moins rurale.
L’intrigue est très simple, c’est un scénario qui met en scène le burlesque et une dénonciation de l’américanisation. Il reprend une image d’une société quelque peu pétainiste dans les campagnes qui tend à disparaître.
Ainsi pour nous présenter l’avancée de la fête, nous sommes dans le point de vue d’une vieille femme, et un point de vue omniscient. Nous assistons ainsi aux préparatifs de la fête. Puis nous basculons vite dans le point de vue de François, nous assistons à tout son périple, qu’il soit ivre ou non.
Le personnage de François rappelle un peu le « Charlot » dans sa façon d’avoir le haut du corps très rigide, et les jambes un peu molles. De plus sa grande taille lui enlève de l’agilité, à laquelle on ajoute une moustache qui nous rappelle quelque peu la figure de De Gaulle.
Les autres personnages enrichissent l’atmosphère rurale, en effet nous trouvons quelques stéréotypes, tel que le barman assez fort et qui met facilement dehors une personne intransigeante, les jeunes femmes qui s’habillent de façon plus modernes, comme à l’américaine…. Chaque personnage a son attitude propre et participe d’une certaine façon au burlesque, et devient presque qu’une partie intégrante d’un décor vivant.
L’utilisation du procédé ThomsonColor (40mm) rend des plans avec de très grandes profondeurs de champs, assez larges. Il y a ainsi un jeu avec l’arrière-plan et le premier plan, l’image est constamment remplie, l’action se passe souvent au premier puis au deuxième plan.
Ainsi, c’est le rôle du son de guider le spectateur sur ce qu’il doit regarder, et où l’action se passe-t-elle. Tati (et le grand Chaplin) était mime, ainsi les dialogues et la parole n’occupe pas une place importante. En effet ils inaudibles contrairement au jeu visuel avec les gestes du personnage, sa manière de se tenir très burlesques. Cependant, mais si les dialogues ne jouent pas un rôle important, les gags sonores ne cessent d’intervenir. On peut citer l’exemple de l’abeille qui se déplace du paysan (au premier temps) au facteur (en deuxième plan), dans cette scène à travers les mouvements et le travail sonore le spectateur comprend ou la scène se déroule et le comique de répétition amuse souvent.
Ce film rayonne, d’une part le burlesque ne cesse de nous amuser, et l’ambiance vivante d’un village qui prépare une fête est agréable. C’est une bouffée d’air frais. Et le double attrait du film et le refus de l’américanisation, en effet une tournée à l’américaine n’avance à rien, vu qu’à la fin François est mieux à aider dans les champs. On peut également s’intéresser à l’exemple des chaussures neuves plutôt que des sabots, godilles, qui deviennent importables après les festivités. Il ressort presque un caractère incertain dans les œuvres de Tati, auquel on ne peut que s’attacher.