David O. Russell réunit une fois de plus son duo de choc, Bradley Cooper et Jennifer Lawrence, pour Joy. Une fable gentillette, pleine de bonnes intentions, mais tellement à côté de la plaque.


On prend les mêmes et on recommence ? Pas si simple. La bonne fortune avait souri au réalisateur américain en 2012 avec Happiness Therapy, sympathique comédie romantique qui avait su s'échapper par bonheur des conventions de genre.


C'est qu'il fonctionne plutôt bien, le tandem Jennifer Lawrence / Bradley Cooper. Alors quand on lui adjoint la présence du parrain des comédies romantiques (à défaut d'être celui de la pègre), j'ai nommé Robert De Niro, on voit mal ce qui pourrait faire capoter le projet. Et pourtant.



7 à la maison



Joy Mangano est une mère courage. Deux enfants à charge, elle trouve malgré tout la bienveillance de loger sa mère apathique et son ex-mari-wannabe-crooner au sous-sol. Heureusement, il y a aussi sa grand-mère, oreille attentive et coach de tous les instants pour Joy qui, depuis 17 ans déjà, a mis de côté ses rêves pour se confronter à la dure réalité de la vie.


Joy, c'est l'histoire banale de la création d'une entreprise. À l'instar de Randal Peltzer dans Gremlins, la jeune fille invente des objets qui vous changent le quotidien (à l'exception près que les siens fonctionnent). Mais comme nous sommes dans un film américain, et que le sujet en filigrane de ce film est évidemment de raconter le rêve américain, Joy sera bien seule pour mener à bien son projet.


Un portrait classique d'une self-made-women qui se termine dans le plus absurde des conformismes (j'ai réussi, donc je vais aider les autres à réussir). Une espèce de publicité mal déguisée pour un quelconque syndicat patronal étasunien. Si Joy était une production française, nul doute que l'on trouverait sur l'affiche le macaron du Medef.



Le grand saut



Joy est long. Du moins il paraît long. La faute à un montage brouillon, qui dessert complètement la cohérence du récit. L'utilisation abusive des flashbacks, pour bien souligner à quel point Joy est talentueuse, et à quel point "la vie nous éloigne de nous objectifs", ne vaut pas bien mieux que le Soap kitschissime devant lequel végète la mère de l'héroïne ordinaire.


Pour ne rien épargner au spectateur, David O. Russell assène avec une maladive complaisance des poncifs de genre que l'on ne pensait pas trouver dans un de ses métrages. L'audace de la jeune femme justifie tout. Jusqu'au comportement incompréhensible de Neil, le personnage de Bradley Cooper, qui retourne sa veste à trois reprises, quasiment à chaque apparition de son personnage. Sans doute une espèce de métaphore sur "le monde des affaires".


Difficile de laisser de la place à des personnages secondaires dignes d'intérêt dans un film qui porte le nom de la protagoniste. Cela se vérifie d'autant plus que les acteurs auxquels Jennifer Lawrence donne la réplique sont insipides et tirent vers le transparent. De Niro joue le même rôle qu'il joue dans chaque comédie, la mère n'est définie que par son addiction à la télévision, la grand-mère et l'ex-mari comme des épaules bienveillantes et les enfants sont là pour faire joli. Plus des caractères que des personnages. Ils ne représentent de toute façon rien de plus que des obstacles à Joy, et à notre adhésion au film.


David O. Russell poursuit sa dégringolade, après un American Bluff pas bien mémorable. Joy n'est en rien égal à Happiness Therapy. À casting égal, performance moindre. Un récit convenu, un message attendu et une réalisation en pilotage automatique. Allez voir autre chose.


hypesoul.com

Hype_Soul
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le 30 déc. 2015

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