Jules et Jim, c'est un désir de liberté, grand, immense, de transcender toute vie. Un je-m'en-foutisme omniprésent, une liberté, une joie inconditionnelle de vivre. Et puis la petite musique de François Truffaut qui revient à chaque fois, revigorant le monde des images en noir et blanc, de sa petite mélodie d'une candeur infime, un brin fleur bleu, qui transcende tout.
Jules et Jim, c'est cette amitié infime, foudroyante, qui dure jusqu'à en crever, et puis au milieu des deux il y a une fille, Jeanne Moreau la belle, alors tout s'envole lorsqu'elle chante Le tourbillon de la vie, chanson si célèbre grâce à ce seul film, accompagnée à la guitare par Jim. Ces instants de pur stupeur, bonheur, qui arrivent sans prévenir, à pas de loups, comme une surprise. Ces personnages qui tout d'un coup chantent, et alors ça vrille dans le cœur, l'émotion simple et belle, et le chant qui continue sa course le temps d'un film. Jeanne Moreau et sa voix d'or, chantant avec la grâce d'un papillon.


Ainsi, pourquoi n'avais je jamais vu Jules et Jim ? Pourquoi suis-je tombée comme ça, un soir, dessus, par hasard ? C'est qu'il faut un temps à tout. Nous ne pouvons pas regarder chaque chef-d’œuvre en même temps. Alors j'ai vu Jules et Jim. Et ça continue de battre dans mon petit cœur à fleur de peau.
Jules et Jim, c'est cette naïveté perdue, le désir d'être ensemble coûte que coûte, malgré la guerre malgré la vie. Le désir de ne faire qu'un avec trois, une seule matière une seule chair.


Fulgurance des images qui se tiennent là avec leur noir et blanc typiquement Nouvelle Vague, leur plan, cadrage d'une pure beauté. Ainsi, il est étonnant d'assister à un film de la Nouvelle Vague se passant en 1900. Étrangeté d'une époque retranscrite dans un film des années 60 signé François Truffaut. Décalage des espaces-temps. Parce qu'ici, malgré que l'on soit dans les années 1900, on parle comme dans les films de la Nouvelle Vague. Paradoxe qui provoque parfois une fine fausseté dans les paroles, un peu comme chez Rohmer, cette certaine maladresse, et en même temps profonde justesse des mots qui sortent de par les oreilles, provoquant des instants beaux comme le soleil, joie d'une voix off dans Jules et Jim, narration narrée, musique innocente, alors il y a du Truffaut partout où l'on pose notre regard.
Élégance des costumes de tout un chacun, qui accompagnent la grâce du film, la grâce des dialogues, frémissant de part les bouches de chaque personnages.


Rythme effréné, qui va avec cette infime soif de vivre. Alors on court partout, dans tous les sens, comme dans Alphaville. La voix continue de narrer, et rien de s'arrête, tout continue sa course folle dans un montage fou. De cet ingénieux mécanisme qu'est le cinéma, en ressort un film fou, emplit de fulgurance.


Jules et Jim, un film qui souffle de ces vents d'une liberté rare, rappelant ainsi Pierrot le fou ou A bout de souffle. Ces vents de liberté, c'est ce que l'on cherche au cinéma.

Lunette
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le 16 août 2015

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