22 ans après Jurassic Park de Steven Spielberg, Universal tente de relancer la franchise. Le projet est purement mercantile, tant cela ressemble à un remake sans saveur, avec un réalisateur et un casting, vraiment pas à la hauteur de l'original.


Après le nanar San Andreas, la saison estivale des blockbusters continue de décevoir, avec ce produit sans relief, à l'image d'une 3D totalement inutile (comme trop souvent). Les deux films ont pour point commun, de mettre en avant la sacro-sainte famille, si chère aux américains. Elle est au bord de la rupture, mais grâce à un tremblement de terre ou des dinosaures, les liens vont se resserrer et tout va rentrer dans l'ordre, ils vont continuer à vivre heureux et se faire des papouilles, cela n'est-il pas mignon ?
Non, c'est profondément ennuyeux, à l'image des larmes de la mère (Judy Greer), constamment au bord de la dépression à chacune de ses apparitions, tout comme son fils fragile Gray Mitchell (Ty Simpkins). Les deux sont agaçants, au point que l'envie de voir le dernier se faire croquer, se fait durement ressentir. Mais nous sommes dans le politiquement correct, donc pas d'inquiétude, aucun enfant énervant ne va décéder et c'est bien dommage. Le ton du film est donné dès le début : ce sera rempli de bons sentiments, on s'aime tous, le monde est merveilleux et même si parfois, il y a un méchant monsieur, ne vous inquiétez pas, il va payer pour ses péchés, alléluia mes frères et mes sœurs!
Devant tant de niaiseries, c'est difficile de s'attacher à ces personnages stéréotypés. Surtout qu'il y a ce message véhiculé à travers la tante de Gray Mitchell et de son grand frère Zach (Nick Robinson), elle est incarnée par Bryce Dallas Howard, en pâle copie de Jessica Chastain. Une femme carriériste, passant son temps au téléphone, à faire attention à son apparence, au lieu de fonder une famille et de passer ses journées à faire de bons plats, le ménage, la lessive et autres plaisirs de la vie d'une mère au foyer. Joss Whedon avait lancé la polémique, sur l'image de la femme, que le film renvoie à travers un trailer. On comprend mieux son point de vue, face à la misogynie se dégageant du film. A croire que c'est produit par des catholiques intégristes.....
Puis il y a ces placements de produits incessants, à force cela en devient fatiguant. Michael Bay avait mis la barre très haute dans son Transformers : L'Age de l'Extinction, mais Colin Trevorrow lui met une claque monumentale, en les insérant aussi dans les dialogues, une sacrée performance! Puis comme pour les stades sportifs, souvent au nom des marques qui les sponsorisent, il fait de même avec les attractions. Le parc Samsung est mis en valeur, encore et encore, avec sa caméra plongeant régulièrement dans l'allée principale menant à celui-ci. Cela révèle aussi un manque d'imagination de la part du metteur en scène, avec des difficultés à donner du rythme à un film s'étirant sur deux heures, alors qu'il ne se passe pas grand chose.
Les personnages ne sont pas très intéressants et Chris Pratt ne confirme pas l'essai, après sa belle performance dans Les Gardiens de la Galaxie. Mais est-ce vraiment sa faute ? A part quelques répliques prêtant à sourire, on s'ennuie ferme et personne ne sort du lot, tout reposant sur l'Indominus Rex, un dinosaure créé génétiquement, plus grand, fort, vicieux, intelligent et surtout plus méchant que tout ses cousins. Alors oui, les effets spéciaux sont réussis, mais avec un budget de 150M$, on en attendait pas moins. Mais comme trop souvent dans ce genre de pop-corn movie, la forme prend largement le pas sur le fond.


Dans un casting plutôt international, on retrouve Vincent D'Onofrio dans le rôle du méchant, sans pour autant être aussi impressionnant que dans celui de Wilson Fisk dans la série Daredevil. Notre Omar Sy national, dans un rôle un peu plus conséquent que dans X-Men : Days of Future Past, mais rien de bien inoubliable. B.D. Wong est le seul du premier Jurassic Park, à revenir. Irrfan Khan en riche propriétaire du parc, pensant avant tout, à ses bénéfices. Enfin, le duo Jake Johnson; affublé d'une déplorable moustache; et Lauren Lapkus en geeks de service, à la bouille sympathique. Ils sont tous bien formaté et rien de bien trash ne sortira de leurs bouches aux dents d'une blancheur aveuglante.
Le film ressemble aux désirs de son propriétaire, avec ce nouveau dinosaure, pour donner envie au public de venir le découvrir et donc de remplir le tiroir caisse. Mais les scènes d'action sont semblables à celle des volets précédents, même si le combat final est captivant, mais si prévisible....On ne s'ennuie pas vraiment, mais on est jamais surpris, cela manque de rythme, d'originalité, avec quelques aberrations, dont on aurait pu faire abstraction, si le spectacle proposé, était de qualité. Enfin, la musique de Michael Giacchino est particulièrement pompeuse, il sort toute son infanterie, pour rendre le décollage et atterrissage d'un hélicoptère, un événement exceptionnel, tant il ne se passe pas grand chose de bien enthousiasmant.


C'est une grosse attraction dénuée d'émotions, tout le contraire de la version de Steven Spielberg, où l'émerveillement était au rendez-vous. Une preuve supplémentaire de la régression du cinéma hollywoodien, incapable d'offrir un spectacle supérieur à l'original. Mais est-ce vraiment surprenant, en remettant le projet entre les mains d'un réalisateur néophyte ? Universal a misé sur la nostalgie du film et les dinosaures, en oubliant une intrigue captivante et des personnages à la hauteur du talent de Jeff Goldblum, Sam Neill ou le regretté Richard Attenborough.

easy2fly
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le 11 juin 2015

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Laurent Doe

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