Avec quatre Césars, dont celui du meilleur film et de la meilleure actrice, ce premier long-métrage du jeune réalisateur Xavier Legrand a marqué l’esprit du public et d’une critique (presque) unanime pour louer la maîtrise de ce thriller psychologique autour de la violence conjugale. Si l’on ne peut qu'admirer la précision et la rigueur d’une mise en scène épurée au service d’un trio d’acteurs formidables de vérité, on peut regretter le manque de nuances d’un scénario trop mécanique qui au prétexte de témoigner d’un phénomène social hélas bien réel joue la carte du film à suspense (voire du film d’horreur) en jouant avec les nerfs du spectateur jusqu’à un final paroxystique qui plagie allègrement la scène la plus célèbre de Shining. Ce faisant, il passe à côté de ce qui aurait dû être le sujet central, à savoir la responsabilité individuelle mais surtout collective (la justice et les institutions sociales trop complaisantes) face à des pervers narcissiques qui revendiquent leur statut de père pour faire régner la terreur autour d’eux.