En bon chouchou de la Croisette cannoise et des amateurs de cinéma chébran tendance publicité façon Nivéa Xavier Dolan revient cette année avec l'adaptation d'une pièce à la fois réputée difficile et très estimée : Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, étude sobre et très écrite des non-dits familiaux.
Dolan a visiblement parfaitement compris la recette d'une parfaite transition de parcours, puisque avant de conquérir Hollywood et ses chantres le jeune canadien a choisi de réaliser son premier all-star movie ( à la française, s'il vous plaît ). En mettant le grappin sur cinq des célébrités hexagonales les plus bankables du moment Xavier Dolan transforme le texte pudique et complexe de Lagarce en véritable caca nerveux familial, glamour et choc ( mais pas trop )... On assistera donc à une mascarade déguisée en film psychologique trop-nébuleux-tu-meurs, mascarade menée par une Nathalie Baye, une Léa Seydoux, une Marion Cotillard, un Vincent Cassel et un Gaspard Ulliel tous plus ou moins insupportables dans leur registre.
C'est bien simple : Juste la fin du monde côtoie souvent le ridicule, rarement l'efficacité et nullement l'authenticité. Dolan reprend le motif de la mère "vraie de chez vrai" en maquillant à la truelle une Nathalie Baye empestant le parfum bon marché même au travers de la toile ( une Anne Dorval sans l'accent ni le patois québécois, quoi ! ) ; il convoque également Léa Seydoux pour une séance crise d'ado genre t'as fumé mode hippie génération selfie et Marion Cotillard pour LE rôle inutile dudit psychodrame ( la comédienne méthode poupée de chiffon remplit les minutes à renforts de bafouillements et autres jérémiades du même acabit ) ; il offre aussi deux rôles masculins, l'un à Vincent Cassel qui turbine à 120 frasques à la seconde ( kifèdukasel, koi ! ), l'autre à Gaspard Ulliel fraîchement sorti du bon et beau Saint-Laurent de Bonello ( et qui reste logiquement le seul acteur entièrement crédible du métrage ).
Bon. Disons que comme toujours avec Dolan on a droit à du mélo ultra-appuyé et des dialogues paraphrasant l'action, de la musique variétoche d'un mauvais goût ( mauvais goût ! ) dépassant le mur du son ( O-Zone, quoi ! ) et du maniérisme un plan sur deux ( ou presque, ou pas trop, ou pas du tout... n'est-ce pas Gaspard ? )... Comme avec Mommy Xavier Dolan signe un film faussement libre et vraiment relou sur les bords comme au milieu ( d'ici ou d'ailleurs, ou de nulle part ). On retiendra de ce truc vulgaire et vaguement nuancé deux scènes nettement plus intéressantes, la première étant le face à face entre Louis et sa môman, la seconde étant l'altercation entre les deux frères. Mention pathétique au climax final entre Cassel, Seydoux et les autres, ces derniers nous offrant l'une des séquences de pleurnicherie les plus risibles vue depuis fort longtemps. Catégoriquement mauvais, malgré un indéniable savoir-faire.