Nouveau film de Xavier Dolan qui les enchaine comme Jay-Z et DMX enchainaient les sorties d'albums fins des années 90. Il choisit d'adapter un texte de Lagarce. Si cela est parfois difficile d'adapter le théâtre au grand écran, la transition est réussi. Notamment par le choix de filmer les acteurs souvent de très près, parfois donnant un sentiment suffocant. L'ensemble, en restant dans cette veine, aurait été son meilleur film et aurait peut être mérité le Grand Prix que le jury cannois lui a décerné.
Mais, car il y a un gros MAIS, c'est comme si Dolan se forçait à faire du Dolan en rajoutant, de temps à autre, un clip, au milieu de l'atmosphère feutrée qu'il réussit fort bien à installer. Pourquoi casser cet élan avec une esthétique MTV des années 90 ? C'était déjà le cas dans Mommy et l'effet de style est encore moins à sa place ici. Surtout que la plupart des autres scènes sont maîtrisées, notamment les rencontres entre le personnage campé par Gaspard Ulliel et chacun des autres acteurs. La plus belle étant celle avec Nathalie Baye, qui arrache tout et laisse le spectateur pantois, le cœur touché. Devant un pathos plus doux et moins hystérique que dans Mommy, on caresse l'espoir que Dolan est devenu le grand réalisateur que la "hype" autour de lui promeut à chacune des ses œuvres. Ce n'est pas encore le cas, mais il faut admettre que le film possède un grande beauté, un sens de l'esthétique affirmé et surtout une direction d'acteurs tranchée et propre. Dolan grandit de film en film, c'est certain. Est-ce que son prochain film sera, cette fois là, réellement un grand film ?