Pour ceux qui m'ont suivi dernièrement, j'ai entamé un cycle Vincent Cassel. Juste la fin du monde n'est pas le genre de film que j'apprécie d'ordinaire, je suis davantage en quête d'évasion au premier sens du terme. L'horreur, la science-fiction, le fantastique sont devenus mes standards, c'est pourquoi, un film adapté d'une pièce de théâtre sur le retour d'un fils dans sa famille, n'avait au départ rien pour m'attirer, à part sans doute sa distribution et son titre énigmatique.
Xavier Dolan, un Québécois bien plus français dans l'âme qu'un parisien de souche, réussit le tour de force de rassembler la crème des acteurs français de l'époque, ou du moins, les plus populaires, garantissant d'entrée de jeu un minimum de succès auprès du public. Étant donné l'opacité du sujet pour le profane, cela a un grand avantage, on a réellement besoin d'éprouver de l'empathie ou de la sympathie pour ces personnages et pour cela, nos acteurs nous mettent déjà en terrain connu, à l'exception de la mère qui me fait étrangement penser à Morticia Adams. La caméra de Dolan est sincère et sans artifice ou très peu, beaucoup de gros plans sur nos acteurs, un éclairage sombre, permettent d'apprécier en conséquence la palette de leur jeu, car là est la prouesse de Juste la fin du monde, faire passer les émotions à travers l'objectif. Peu coiffés et peu maquillés, nos acteurs sont au naturel, et pas toujours à leur avantage, "Tu t'es maquillé à la truelle ?", comme dirait Vincent Cassel. Tout repose sur les silences, les non-dits et les petites subtilités de langage, ou à l'inverse, grossièreté et familiarité qui ajoutent au réalisme de l'ensemble.
Pour les raisons que j'évoquais plus haut, je ne me sens, hélas, pas réellement en mesure ou en légitimité de juger ce film, qui aurait pu aisément être un court-métrage, si ce n'est dans la qualité des prestations d'acteurs, valant largement une récompense à Cannes. Cela fait plaisir de les voir jouer sans donner l'impression de suivre un cahier des charges. Dolan réussit à capturer une tranche de vie authentique et y apporte un regard introspectif.