L'éloge de la lenteur (mais pas tant que ça finalement)

Vu il y a quelques jours, dur de se faire un avis dès la sortie de la salle.


Le premier quart est lent. Très lent. Peut-être trop lent d'ailleurs. Je me sentais oppressée, j'avais envie de les secouer, Marion et Léa. Je voulais me mettre face à elles, les mains sur les épaules et leur crier dessus "Bougez vous ! Parlez ! Exprimez vous !"


J'imagine que l'effet était voulu, et dans ces cas là, il est réussi. Ce malaise, pesant, long, lourd. Une vraie souffrance.


Suivit ce quart,


à partir du -presque- monologue de Nathalie, on commence à rentrer dans le vif du sujet. Elle est finalement à ce moment du film, la seule qui dit réellement ce qu'elle pense, ce qu'elle ressent et sans aucune timidité. Elle va droit au but et se fait entendre.


Cette citation :




  • T'avais raison. Je te comprends pas. Mais je t'aime. Je t'aime. Et ça, personne ne pourra me l'enlever.



Elle m'a donné de vrais frissons. Magnifiquement dite, juste, sans fioritures alors qu'elle aurait pu tomber dans une facilité ou dans un pathétique mielleux en une intonation ou un regard mal placés.


Puis le film continue et chacun tente de dire à Gaspard ce qu'il aurait souhaité partager avec lui durant ces douze ans. Certains sont maladroits, d'autres ne réussiront jamais vraiment car ils ont trop de choses à dire en trop peu de temps et se perdent dans des futilités. C'est toujours pesant,


on sait que lui ne réussira jamais à dire ce qu'il était venu dire, pourtant on espère jusqu'au dernier souffle de l'oiseau.


Finalement, il y a mille choses à dire sur ce film, passionnant à analyser. On pourrait y passer des heures à tenter de justifier le moindre mouvement de caméra, essayer de justifier le choix de chaque objet et de chaque plan et on n'en finirait plus. Mais ici, ce qu'il faut retenir, c'est qu'on retrouve Xavier dans ses sujets de prédilection avec sa pate bien visible : le kitsch, une mère bien trop présente qui a une place incroyable à l'écran -presque le personnage principal je dirais- un environnement étouffant et rempli de détails humains (là où souvent dans les productions de cinéma, on voit le travail du décorateur et on sent l'effet factice, ici, on a l'impression qu'ils ont loué la maison d'un couple âgé qui n'a rien changé à son décor depuis des années en leur demandant de ne surtout rien toucher. On sent presque l'odeur de renfermé lorsque la première scène dans cette maison débute.) Et puis surtout le drame humain qui s'étire et qui est si ancré, il est là, on pourrait s'en défaire en parlant des heures mais on n'a pas ces heures et plus la force. On sent que la famille a essayé déjà tant de fois, mais c'est là, enraciné et beaucoup trop profond pour pouvoir en faire quoi que ce soit.


Alors comme Gaspard, on s'en va.

Octopus
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le 13 oct. 2016

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Octopus

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