Suppose he's got a pointed stick ?
Inspiré de la vie de Pusser, étonnant personnage ayant vraiment éxisté, ce film bien que forcément romancé semble coller plutôt fidelement à la vie du shérif. Il en découle un surprenant mélange, pas désagréable, entre propos réactionnaires et inversement des idées plus nobles au travers d'une peinture sociale assez réaliste dans les grandes lignes (même si les "méchants" sont dès plus caricaturaux). Karlson a souvent fait un cinéma engagé et le prouve à sa manière en détournant habilement les films d'exploitation de l'époque pour aller vers quelques chose de plus cru (violence crue et sèche) et une approche dénuée de lyrisme et de pathos alors que l'histoire aurait pu s'y prêter largement.
Mais c'est pratiquement le contraire : le film devient de plus en plus désabusé et amer tandis qu'on se rapproche de la fin. La conclusion est d'ailleurs très sombre : les gangsters ont laissés place a une sorte de milice fasciste tout aussi terrifiante et dont l'action masque à peine la passivite et la culpabilité.
Régulièrement, on passe de l'humour (le bureau du juge dans les toilettes ; le héros et son gourdin) à des thèmes sociaux (la vision du racisme) en passant par des moments plus graves avec une certaine habilité.
En revanche, il est regrettable que le reste de la production soit plus aléatoire (photo, interprêtation, décor) avec surtout un scénario qui précipite un peu facilement certains points de l'histoire (notament la mort du shérif en place ou l'histoire des bijous volés assez mal amenès).
Mais dans l'ensemble, c'est une réussite inattendue sur un sujet qui pouvait laisser craindre le pire.