Longue vie au Roi Astier !!!

12 ans d'attente. Hein, que c'est long ! Hein que ça nous a bien fait chier de voir le film être avancé, reculé, re-reculé... Mais c'est une attente qui aura valu le coup, assurément !
Kaamelott au cinéma... comme un rêve qui devient enfin réalité. Le Roi lui-même l'a dit, il a toujours rêvé de voir sa saga sur grand écran, et le fait est que ce nouveau format lui va comme un gant. Kaamelott méritait un tel écrin pour poursuivre ses aventures grandioses et amorcer sa conclusion. Bon, tout ça pour ça ?

OUI ! Tout ça pour ça ! J'ai presque envie de dire que désormais je peux mourir heureuse mais pas totalement puisque je tiens à voir les deux volets suivants car l'impression que ces 2h sont passées bien trop vite et qu'il faudra plusieurs visionnages pour cerner les différentes lectures dont le Sieur Astier est un adepte.
Kaamelott et moi c'est une vieille histoire d'amour. Certes, ça n'a pas été le coup de foudre immédiat puis, je ne sais plus trop comment ni grâce à qui, mais j'ai fini par tomber dans la marmite et ne plus jamais en sortir. Et j'y suis bien. C'est mon remède anti-blues, même si à trop rire je me tape fatalement des crises d'asthmes mais faut parfois souffrir pour cultiver de tels petits bonheurs.

Même si y a rien à jeter dans la série, mes livres préférés restent les V et VI, tant leur portée dramatique est dingue ! Le film raccroche avec le livre VI, dix ans plus tard. Arthur a disparu. A tel point que beaucoup le croit canné, le fils Pendragon. On se souvient que Venec l'avait conduit à Rome pour échapper à la folie meurtrière d'un Lancelot définitivement perdu. Dix ans c'est long, aussi bien pour nous que pour nos personnages adorés. Pendant que le clan des Semi-Croustillants s'essaye au forage souterrain, Leodagan a rejoint sa Carmélide pour y développer une nouvelle passion bucolique bien loin de ses trébuchets, scorpions et autres balistes. Lancelot règne en tyran, dilapidant l'or du Royaume de Logres dans l'entretien de mercenaires Saxons et s'entourant d'un conseil de traîtres pleutres et toujours aussi incompétents tandis que la Reine Genièvre s'est muée en Raiponce claquemurée dans sa tour perdue, et hantée. Les pégus sont pressés comme des citrons, les résistants tentent de s'organiser et de faire renaître l'esprit de la Table Ronde... et pendant ce temps-là, certaines rumeurs courent. Arthur serait toujours en vie. Et Lancelot bien décidé à lui mettre la main dessus.

Anticiper Astier n'est pas aisé tant il aime prendre le spectateur par surprise. Et des surprises, y en a un paquet dans cet opus. Des qui vous feront pleurer de rire, d'autres qui vont colleront la chair de poule et enfin, d'autres qui vont feront pleurer d'émotions sans que vous ne vous y attendiez. Ouais, elle est bien bonne celle-là !
Quant à anticiper via la Cycle Arthurien, pas la peine non plus de compter là-dessus. Astier multiplie les références (Star Wars, notamment) pour mieux brouiller les pistes et imposer sa patte, son style inimitable. Entre un peu de fan service, des ruptures avec la tradition rendue possible grâce au passage sur grand écran, de nouvelles plongées dramatiques dans la psychologie et l'histoire du personnage phare, on a grand plaisir à retrouver (presque) tous nos comparses. Dix ans ont passé mais ils sont restés les mêmes. Presque. Genièvre m'a impressionnée. Au revoir la reine gourdasse, la maturité et l'adversité l'ont rendu très intéressante, j'ai hâte de voir la suite de son évolution. Astier est fidèle à ce à quoi il nous avait habitué dans son interprétation d'Arthur. Toujours en souffrance, en proie à de vieux démons, paralysé par le poids du destin et la charge que les dieux font peser sur lui, l'homme n'en est que plus grand puisque l'anime toujours ce sentiment de protéger la dignité des faibles, l'apanage des grands chefs.
Tous semblent avoir mûri en 10 ans, même nos trublions préférés, Perceval et Karadoc, Merlin (putain !), et mention spéciale à l'excellent Duc d'Aquitaine que campe à merveille un Alain Chabat au sommet de sa forme. Bref, il y aurait tant à dire... Ils sont tous au top !

Enfin, un mot sur le film en lui-même. Certains ronchons se sont plaint des effets spéciaux, notamment sur les plans de la forteresse de Kaamelott qu'on peut voir dans la bande-annonce. Ben désolée mais ça passe tout seul. C'est aussi du médiéval-fantastique, ne l'oublions pas (et le plan montrant une forteresse en ruine dans laquelle habite "quelque chose" est complètement dément). Perso, j'ai trouvé que tout était réussi et exécuté d'une main de maître : les costumes (putain, les Burgondes !!!), le jeu des acteurs, le scénario, les effets spéciaux (Excalibur, nom de diou !!!), bon et puis on en parle de cette bande-originale composée par le roi himself ? Un pur chef-d'oeuvre qui n'a rien à envier à John William and Co. Une partition épique, flamboyante, poignante, burlesque, à l'image du film.

Vous l'aurez compris, l'histoire d'amour est toujours au beau fixe, très gros coup de coeur pour moi et j'en suis soulagée ! Pour une fois, j'ai envie de dire haut et fort que je suis fière que la France compte Alexandre Astier parmi ses artistes de renom ! Une saga cinématographique est née, entre les Monty Python, Star Wars et un cycle arthurien modernisé à la sauce Audiard/Louis de Funès. Astier a eu raison de se battre toutes ses années durant pour son rêve, pour en garder le contrôle, pour imposer sa vision. Ce qu'il est en passe de réaliser avec cette oeuvre est juste énorme. Souhaitons-lui de continuer à exploser tous les records, car on a enfin une production française qui le mérite !

Longue vie au roi ! Longue vie à cette trilogie !
Arthur est enfin redevenu un héros, et ça n'est que le début !