Trouver un événement cinématographique français plus ambitieux que celui-là cette année, à part le retour de "OSS 117" ça va être compliqué. Je ne peux pas encore juger de la satisfaction d'avoir attendu aussi longtemps pour le retour de Hubert, mais concernant Arthur, j'imagine que pour beaucoup de fans, ça en valait le coup.


Contrairement à beaucoup, vraiment beaucoup de gens, je n'ai pas connu la frustration d'avoir attendu ce fameux premier volet depuis le 31 octobre 2009, date de la diffusion de l'épisode final du livre VI de "Kaamelott", sûrement que cette simple donnée doit beaucoup jouer dans l'appréciation de revoir toute la galerie de personnages qu'a mis en place Astier au cours des 458 épisodes de la série. J'ai profité du coup de com de Salto qui a mit l'intégralité de la série sur son service (afin qu'on sache que Salto existe) pour enfin découvrir l'intégrale de la série, et certes c'est un autre sujet mais durant les 2 semaines où j'ai enchainé les saisons l'une après l'autre, j'ai été fort peu déçu, découvrant une écriture soignée et complexe, un développement de la personnalité des personnages diluée proprement saison après saison, et une ambition concernant la valeur des enjeux et l'importance de la mise en scène qui devient croissante dès le 99eme et dernier épisode épisode du livre IV. "Kaamelott" c'était cool, Astier vous avez un nouveau fan.


Même pas 24h après avoir terminé la série sur l'épisode "Dies Irae", je me retrouve en salle devant le film. Une fois sortie du cinéma, ma première impression est qu'à défaut d'avoir fait un film pour le très grand public, il a offert une continuité plus que satisfaisante à l'histoire de la série.


Les premières minutes donnent le ton : maintenant, on fait du cinéma, on fait de l'image cinématographique, et ça se ressent : le travail du cadre, du mouvement de la caméra, de la lumière suit une évolution nouvelle mais logique par rapport à ce même travail sur le livre VI. Le sentiment qui revient globalement tout le long du film, c'est qu'on n'est pas face à un épisode de série au grand écran, mais à un film "Kaamelott", même si des habitudes de mise en scène d'Astier sur la série reviennent par moments.


La musique est très propre, l'acting et l'écriture sont excellents et respecte la continuité avec la série, les décors sont beaux et les costumes n'ont jamais eu autant de gueule, mention spéciale à Lancelot et son costume qui en raconte tellement sur lui.


L'histoire en elle-même est forte, et l'arc d'Arthur même pour un débutant est très touchant, on sent sa tourmente, on sent l'importance des choix qu'il a à faire, et on se retrouve face à un passionnant parcours du héros tout le long du film.


Cependant, évidemment, le film n'est pas parfait et souffre par moments : il souffre notamment de son budget (les effets spéciaux passent de tout à fait corrects à innommables.) et de sa durée, notamment dans la deuxième partie du film qui n'a clairement pas le temps et qui fait des enjambées scénaristiques gargantuesques pour arriver au générique de fin. Cela pourrait malheureusement traduire la volonté de financiers qui ont voulu raboter le film à 2 h 00 pile, sentiment qui sera familier à ceux qui se sont intéressés au travail de Snyder sur le DCCU et ses versions cinémas réduites en temps jusqu'à l'extrême.


Côté problème aussi, on a certains arcs scénaristiques qui restent un peu trop flous, peut être à nouveau par manque de scènes, mais surtout un discours durant la promotion du film qui vante qu'on peut voir le film sans avoir vu la série qui me semble assez fausse :"on peut voir le film sans la série", mais est ce que le spectateur va ressentir ce qu'il se passe ? L'émotion passe tellement souvent par des petits gestes, des petites phrases en lien avec des arcs scénaristiques qui ont été mis en place pour certains depuis le livre II, et je ne vois pas comment on peut pleinement ressentir le film sans avoir vu tout ce qu'a traversé cet univers. Rien que concernant la rivalité entre Lancelot et Arthur, voir ça sur grand écran en absence de connaissance de leur passif, ça me semble vain.


C'est du coup compliqué de juger "Kaamelott" en tant que simple film, car c'est évident que cela va bien au-delà de ça. En tant que film, on peut parler de l'aspect aventure et dépaysement ambitieux qui est si rare aujourd'hui dans le cinéma français (Les séquences dans le désert), du rythme qui est très propre bien que cassé par moments, de la dramaturgie et des enjeux pour ce qu'on en comprend si on n'a rien vu, etc.


Mais pour le reste, ça va au-delà du simple film, parce que le reste, bah c'est "Kaamelott", une œuvre qui a marqué le paysage français des années 2000, qui fait parti de notre patrimoine culturel moderne sans aucune hésitation, et que quelqu'un qui s'est investi dedans aura du mal à expliquer à un néophyte toute la complexité de l'œuvre et de ses enjeux. "Kaamelott 1er Volet ", c'est l'aboutissement de 12 ans d'attente, et le début de ce qui sera une trilogie pour conclure un univers qui aura investi le public années après années sans jamais le prendre pour un con, et rien que pour ça, tout mon respect revient à son roi.

Kiberen
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le 25 août 2021

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