Le cinéma n'est pas un passage obligé

Je serai le plus court et concis possible dans cette critique: je suis très fan de kaamelott et même de la saison 5 tant décriée. Le film est sur la droite ligne de cette saison 5, mais autant la saison était un pari risqué et la première fois dans Kaamelott où Astier essayait d'alterner les moments de pur absurde et de sérieux, autant ce film vient après et a été travaillé plus longtemps, donc je ne comprends pas qu'il n'ait pas changé au moins un tout petit peu ce nouveau mode narratif.

La saison 5 était parfois déconcertante parce que les moments dramatiques plombaient l'humour et l'absurde des personnages rendait le dramatique peu crédible, mais il y a avait de bons moments, probablement grâce au format qui permet de plus prendre son temps et poser les choses.

• Loin d'avoir tenté de gommer ces défauts, Astier les a accentués dans le film. Il a voulu en faire quelque chose "de sérieux" mais a créé un antagoniste ridicule qui ne crée aucune tension dramatique. Lancelot est cantonné dans un rôle de bouffon, censé être cruel et dur mais dont on ne voit jamais que des scènes ridicules. A aucun moment il ne ferait peur même à un enfant, alors que dans la série Lancelot est en quelque sorte le seul chevalier qui tient la route et qui pourrait être une menace pour Arthur. Il est devenu l'égal de Perceval et Karadoc (quoique même eux paraissent plus crédibles en chefs de guerre). Le travail sur les costumes semble avoir eu uniquement pour but de décrédibiliser totalement les antagonistes. Ce choix artistique est très intriguant, considérant que dans la série il n'a jamais été question de costumes abracadabrants, on était plutôt sur du décor réaliste).




• Sans méchant consistant, l'histoire ne porte aucune tension. On a pas peur de ce qui va arriver, et à vrai dire on s'en fout. Espérons que ce sera amélioré avec Méléaguant dans un second volet.

  
  

  -Le scénario est cousu de fil blanc, dès qu'on voit la première attaque des burgondes on sait ce qui se passera à la fin. Au début du film Arthur essaye encore de nous faire croire qu'il se fiche de la Bretagne alors qu'on sait bien que ce n'est pas vrai sinon il n'y aurait pas de film, ça passait dans la saison 5 mais ça devient lourd au bout d'un moment.




• Avec un méchant raté, on pourrait penser que le héros serait inspirant, il n'en est rien. Au début du film on dit à Arthur que Lancelot martyrise le peuple de bretagne, mange les petits enfants et force l'île entière à écouter les chroniques de Guillaume Meurice, mais il s'en tamponne.

  
  

  Il ne change d'avis que lorsqu'il voit ses chevaliers recréer une table ronde de fortune.




• On nous montre des flashbacks qui seront certainement utiles pour la suite mais qui en l'état n'apportent RIEN au film (et pas un ou deux flashs de quelques secondes, non plusieurs flashs backs de plusieurs minutes, bien longuets).

Ce qui aurait pu passer sur une saison de plusieurs heures tient plus ici de l'enchainement frénétique de scènes qui semblent avoir été pensées comme les plans courts de la série, mais mises bout à bout artificiellement pour le film.

L'humour absurde, qui était déjà bien monté en puissance dans la saison 5, est ici omniprésent, jusqu'à la gênance (oui, je parle du jeu du pays de galles notamment, qui dure BIEN trop longtemps, j'avais de la peine pour les acteurs).

le point peut être le plus décevant, c'est qu'il n'y a eu aucune évolution des personnages. Ils sont tous toujours autant à la ramasse, Perceval on se demande toujours comment il peut avoir une destinée extraordinaire.
Faire de Perceval et Karadoc les leaders de la résistance était une idée interessante, mais il aurait fallu faire évoluer un peu leur personnage, peut être en leur laissant leur stupidité mais en leur insufflant un peu, un tout petit peu, d'héroisme. Au final ils sont aussi cons sinon plus qu'avant, et on se dit que si ils ont échappé à Lancelot toutes ces années, c'est bien qu'il est une grosse quiche aussi, contredisant tout son personnage de la série.

En résumé on a donc ici une mauvaise saison 5, plombée par l'absence de méchant crédible (lancelot et Méléagant de la série étaient crédibles en antagonistes) et ramassée en 2 heures de film où la moitié des scènes sont très dispensables voire malaisantes.

je pensais qu'Astier voulait le format d'un film pour donner un souffle plus épique à sa saga, mais en fait la manière de filmer ne diffère pas de ce à quoi il nous a habitués dans la série. Seules scènes un peu "épiques" sont des images de synthèse assez mal branlées représentant l'armée burgonde (habillés comme des clowns s'il vous plait). Au final je me demande où est passé le budget.

Je mets 5 pour le travail fourni, qui se voit quand même sur les décors, la musique, etc..., pour les acteurs qui font du mieux qu'ils peuvent pour porter le film à bout de bras.